mercredi 11 août 2010

Ce n'est rien qu'un président qui nous fait perdre notre temps - Thomas Legrand

"Le sarkozysme est une construction de circonstance et d'opportunité qui se donne des airs de doctrine et qui ne résiste pas à la réalité française, à ses équilibres chèrement et longuement acquis. Ce qui était présenté (par le sarkozysme) comme un "tabou" ou un "conservatisme" n'était rien d'autre qu'un consensus, un élément constitutif de la tradition républicaine à laquelle les Français sont attachés, consciemment ou non."

"La France se remettra du sarkozysme et de l'antisarkozysme. Elle les digère déjà. Le sarkozysme, ce n'est pas une idée, c'est une ambition. Il ne faut pas écrire "sarkosIsme" avec un "I" mais "sarkozYsme" avec un "Y". SarkozIsme voudrait dire qu'il y a une pensée, un corps de doctrine, une vision pour l'avenir du pays. Le suffixe "isme" se mérite. "Ysme" suggère que le sarkozYsme n'est finalement rien d'autre que l'accumulation des faits et gestes et dires de Nicolas Sarkozy. Son pendant, l'antisarkozysme: les faits et gestes et dires de tous ceux qui pensent que le sarkozysme est dangereux. Ceux-là ne font pas la différence entre un I et un Y !"

"Il fallait ménager le flou. Le flou créateur de malentendus. Les malentendus créateurs de polémiques. La polémique créatrice de clivages. Les clivages qui génèrent le conflit. Le conflit qui, seul, peut amener une victoire politique lisible. Toujours la même logique de l'opacité et de l'affrontement."

"Les commentateurs de la vie politique se trouvent dans la situation de leurs confrères sportifs devant un match de foot au cours duquel le joueur vedette de l'équipe de France monopoliserait le ballon pour s'épuiser en figures incroyables. Il faudrait s'extasier, applaudir la dextérité de l'artiste, la précision du jongleur ou bien dénoncer la frime, le jeu perso et l'accaparement. Puis constater à la mi-temps qu'il n'y a toujours pas de but marqué. Rien."

"A mi-mandat, on attend la grande réforme. Au-delà d'une parole effrénée emprunte de volontarisme, on cherche LA rupture, LA modernité, LA gouvernance modeste et transparente. Que sont devenus les marqueurs idéologiques du sarkozysme, le "travailler plus pour gagner plus" (impraticable), la "discrimination positive" (oubliée), la "réforme de la Françafrique" (même pas essayée), l'"immigration choisie" (infaisable), la "politique de civilisation" (disparue), le "Grand Paris" (une ligne de métro)? Ce n'est rien, Nicolas Sarkozy ne représente donc pas un danger pour la République. Il n'est qu'un Président banalement de droite, un pragmatique opportuniste dont le ton péremptoire n'a d'égal que sa capacité au revirement. Une perte de temps pour la modernisation de la vie politique française. Un Jacques Chirac en sueur, le dernier Président du XXeme siècle."

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