mardi 17 janvier 2012

Un diamant gros comme le Ritz - Recueil de nouvelles de F. Scott Fitzgerald

Lu à Paris en janvier / février 2012

Les plus belles nouvelles jamais écrites sont celles de Fitzgerald (on vous aura prévenu).

dimanche 8 janvier 2012

Nagasaki d'Eric Faye

Lu à Paris en janvier 2012

"Il faut imaginer un quinquagénaire déçu de l'être si tôt et si fort, domicilié à la lisière de Nagasaki dans son pavillon d'un faubourg aux rues en chute libre."

"Mes premiers soupçons, nés voici plusieurs semaines, s'étaient rapidement dissipés. Mais quelque temps plus tard, ils étaient revenus de façon subtile, comme des moucherons vibrionnent dans l'air du soir et s'éloignent avant que l'on comprenne à quoi l'on avait affaire."

"Pendant la réunion, tout en les écoutant s'écouter, se répandre et se reprendre..."

"Que me restait-il? Le soir, une fois étendue, une même pensée revenait me visiter: tout ceci est une farce. Une énorme balgue. Tôt ou tard, je vais obtenir des explications. Des excuses vont mêtre présentées et je vais savoir. Nous allons tous accéder à la connaissance. C'est prévu, mais nous ignorons quand. Il suffit d'être patient. Nous nous échapperons alors de cette pièce de théâtre absurde."

mercredi 4 janvier 2012

Capitale de la douleur - de Paul Eluard

Lu à Paris en janvier 2012

Je n'ai pourtant jamais trouvé ce que j'écris dans ce que j'aime.

Dormir, la lune dans un oeil et le soleil dans l'autre,
Un amour dans la bouche, un bel oiseau dans les cheveux,
Parée comme les champs, les bois, la route et la mer,
Belle et parée comme le tour du monde.

Des aveugles invisibles préparent les linges du sommeil.

Le coeur sur l'arbre vous n'aviez qu'à le cueillir.

Les jours comme des doigts repliant leurs phalanges.

Les muets sont des menteurs, parle.
Je suis vraiment en colère de parler seul
Et ma parole
Eveille des erreurs.

Il faut m'avoir connu à cette époque pour m'aimer, sûr du lendemain.

L'aube dans des pays sans grâce
Prend l'apparence de l'oubli.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

Un papillon sur un branche
Attend patiemment l'hiver,
Son coeur est lourd, la branche penche,
La branche se plie comme un ver.


Que le monde m'entraîne et j'aurai des souvenirs.
Que les souvenirs m'entraînent et j'aurai des yeux ronds comme le monde.

Le meilleur a été découvert loin d'ici.

Le monde est si léger qu'il n'est plus à sa place.

Inconnue, elle était ma forme préférée,
Celle qui m'enlevait le souci d'être un homme,
Et je la vois et je la perds et je subis
Ma douleur, comme un peu de soleil dans l'eau froide.

Une femme est plus belle que le mode où je vis.

L'ennui, sur son épaule, s'est endormi. L'ennui ne s'ennuie qu'avec elle qui rit.

Ses yeux ont tout un ciel de larmes.
Ni ses paupières, ni ses mains
Ne sont une nuit suffisante
Pour que sa douleur s'y cache.

Ta bouche aux lèvres d'or n'est pas en moi pour rire
Et tes mots d'auréole ont un sens si parfait
Que dans mes nuits d'années, de jeunesse et de mort
J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.

La terre ne porte que le nécessaire.

La courde de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeaux ne m'ont pas toujours vu.

A haute voix
L'amour agile se leva
Avec de si brillants éclats
Que dans son grenier le cerveau
Eut peur de tout avouer.

Et ta bouche qui se tait
Peut prouver l'impossible.