mardi 14 décembre 2010

The Melancoly Death of Oyster Boy & Other Stories - Tim Burton

From Mummy Boy:

"The park was empty
except for a squirrel
and a birthday party for a Mexican girl."


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SUE

"To avoid a lawsuit,
we'll just call her Sue
(or "the girl who likes
to sniff lots of glue")

The reason I know
that this is the case
is when she blows her nose,
kleenex sticks to her face."

vendredi 10 décembre 2010

Moins que zéro - Bret Easton Ellis

"Bon Dieu!" crie Trent qui s'assoit sur le lit et approche le récepteur de sa bouche pour hurler dedans, "je ne veux pas de ta putain de coke merdique!". Il se tait quelques secondes, puis "Ouais, j'descends tout de suite." Il raccroche, me regarde.
"C'était qui?"
"Ma mère. Elle appelle d'en bas."
Nous descendons. La bonne est assise dans le salon avec une expression hébétée, les yeux rivés sur MTV. Trent m'apprend qu'elle déteste faire le ménage quand il y a quelqu'un à la maison. "De toute façon, elle est toujours raide défoncée. M'man se sent coupable car sa famille a été massacrée au Salvador, mais je crois qu'un de ces quatre elle va se décider à la virer."

(sentiment de panique chez le narrateur) "Je ressens de plus en plus fort le besoin d'entendre ma propre voix."

"J'étais presque sûr que ce surfer ne parlait à personne au téléphone; qu'il faisait semblant de parler, qu'il n'y avait personne à l'autre bout du fil, et je me demandais sans arrêt: vaut-il mieux faire semblant de parler que de ne pas parler du tout? "

La carte et le territoire - Michel Houellebecq

"Il ne croyait plus vraiment qu'on puisse avoir des amis, que cette relation d'amitié puisse vraiment compter dans la vie d'un homme, ni modifier sa destinée."

"Sa principale distraction quotidienne devint le visionnage de Questions pour un champion, une émission animée par Julien Lepers. Par son acharnement, son effarante capacité de travail, cet animateur initialement peu doué, un peu stupide, au visage et aux appétits de bélier, qui envisageait plutôt, à ses débuts, une carrière de chanteur de variétés, et en gardait sans doute une nostalgie secrète, était peu à peu devenu une figure incontournable du paysage médiatique français. Les gens se reconnaissaient en lui, les élèves de première année de Polytechnique comme les institutrices à la retraite du Pas-de-Calais, les bikers du Limousin comme les restaurateurs du Var, il n'était ni impressionnant ni lointain, il se dégageait de lui une image moyenne, et presque sympathique, de la France des années 2010."

"Il chercha à nouveau ses mots, c'est l'inconvénient avec les polytechniciens, ils reviennent un peu moins cher que les énarques à l'embauche mais ils mettent davantage de temps à trouver leurs mots"

"Jed devait être interrogé à de nombreuses reprises sur ce que signifiait, à ses yeux, le fait d'être un artiste. Il ne devait rien trouver de très intéressant ni de très original à dire, à l'exception d'une seule chose, qu'il devait par conséquent répéter presque à chaque interview: être artiste, à ses yeux, c'était avant tout être quelqu'un de soumis. Soumis à des messages mystérieux, imprévisibles, qu'on devait donc faute de mieux et en l'absence de toute croyance religieuse qualifier d'intuitions; messages qui n'en commandaient pas moins de manière impérieuse, catégorique, sans laisser la moindre possibilité de s'y soustraire - sauf à perdre toute notion d'intégrité et tout respect de soi-même."

"A partir du début des années 1970, avec les premiers attentats palestiniens - plus tard relayés, de manière plus spectaculaire et plus professionnelle, par ceux d'Al-Quaida - le voyage aérien était devenu une expérience infantilisante et concentrationnaire, que l'on souhaitait voir s'achever au plus vite."

"Les présidents démocrates américains, il fallait bien en convenir, ressemblaient globalement à des botoxés lubriques."

"-Vous vous intéressez aux vins?
-Ca me donne une contenance; ça fait français. Et puis il faut bien s'intéresser à quelque chose, dans la vie, je trouve que ça aide."

"Il n'avait en tout cas jamais éprouvé le besoin d'acheter un journal. A Paris, l'air ambiant est comme saturé d'information, on aperçoit qu'on le veuille ou non les titres dans les kiosques, on entend les conversations dans la queue des supermarchés. Lorsqu'il s'était rendu dans la Creuse pour l'enterrement de sa grand-mère, il s'était rendu compte de la densité atmosphérique d'information diminuait nettement à mesure que l'on s'éloignait de la capitale; et que plus généralement les choses humaines perdaient de leur importance, peu à peu tout disparaissait, hormis les plantes."


"Dans ma vie de consommateur, j'aurai connu trois produits parfaits: les chaussures Paraboot Marche, le combiné ordinateur portable - imprimante Canon Libris, la parka Camel Legend. Ces produits, je les ai aimés, passionément, j'aurais passé mavie en leur présence,rachetant régulièrement, à mesure de l'usure naturelle, des produits identiques. Une relation parfaite et fidèle s'était établie, faisant de moi un consommateur heureux, à tous points de vue, dans la vie, au moins, j'avais cela: je pouvais, à intervalles réguliers, racheter une paire de mes chaussures préférées. C'est peu, mais c'est beaucoup , surtout quand on a une vie intime assez pauvre. Eh bien cette joie simple, ne m'a pas été laissée. Mes produits favoris, au bout de quelques années, ont disparu des rayonnages, leur fabrication a purement et simplement été stoppée - et dans le cas de ma pauvre parka Camel Legend, sans doute la plus belle parka jamais fabriquée, elle n'aura vécu qu'une seule saison..." Il se mit à pleurer à grosses gouttes, se resservit un verre de vin. "C'est brutal vous savez, c'est terriblement brutal. Alors que les espèces animales les plus insignifiantes mettent des milliers d'années à disparaître, les produits manufacturés sont rayés de la surface du globe en quelques jours, il ne leur est jamais accordé de seconde chance, ils ne peuvent que subir, impuissants, le diktat irresponsable et fascistes des responsables des lignes de produits qui savent naturellement mieux que tout autre ce que veut le consommateur, qui prétendent capter une attente de nouveauté chez le consommateur, qui ne font en réalité que transformer sa vie en une quête épuisante et désespérée, une errance sans fin entre des linéraires éternellement modifiées."

"Il est impossible d'écrire un roman, lui avait dit Houellebecq la veille, pour la même raison qu'il est impossible de vivre: en raison des pesanteurs qui s'accumulent Et toutes les théories de la liberté, de Gide à Sartre, ne sont que des immoralismes conçus par descélibataires irresponsables."

"Comme il aurait été bon de visiter ensemble cet hypermarché Casino refait à neuf, de se pousser du coude en se signalant l'un à l'autre l'apparition desegments de produits inédits, ou un nouvel étiquetage nutritionnel particulièrement exhaustif et clair!..."

"Mais les approches de la mort rendent humble, il semblait désireux, ce soir, que tout se passe aussi bien que possible, il semblait surtout désireux de ne causer aucun trouble, c'était apparemment sa seule ambition sur cette terre."

"Je vais essayer une Dunhill..." Il tira quelques bouffées. "C'est bon aussi; différent des Gitanes, mais c'est bon. Je ne comprends pas pourquoi tout le monde a renoncé à fumer, d'un seul coup."

"La musique s'était calmée, des salons de réception provenait la pulsation lente d'un groove savoyard."

"La sexualité est une chose fragile, il est difficile d'y entrer, si facile d'en sortir."

"Olga l'aimait, se répéta-t-il avec une tristesse croissante en même temps qu'il réalisait que plus rien n'aurait lieu entre eux, la vie vous offre une chance parfois se dit-il mais lorsqu'on est trop lâche ou trop indécis pour la saisir la vie reprend ses cartes, il y a un moment pour faire les choses et pour entrer dans un bonheur possible, ce moment dure quelques jours, parfois quelques semaines ou même quelques mois mais il ne se produit qu'une seule fois et une seule, et si l'on veut y revenir plus tard c'est tout simplement impossible, il n'y a plus de place pour l'enthousiasme, la croyance et la foi, demeure une résignation douce, une pitié réciproque et attristée, la sensation inutile et juste que quelque chose aurait pu avoir lieu, qu'on s'est simplement montré indigne du don qui vous a été fait."

"On peut toujours, lui avait dit Houellebecq lorsqu'il avait évoqué sa carrière romanesque, prendre des notes, essayer d'aligner des phrases; mais pour se lancer dans l'écriture d'un roman il faut attendre que tout cela devienne compact, irréfutable, il faut attendre l'apparition d'un authentique noyau de nécessité. On ne décide jamais soi-même de l'écriture d'un livre, avait-il ajouté; un livre, selon lui, c'était comme un bloc de béton qui se décide à prendre, et les possibilités d'action de l'auteur se limitaient au fait d'être là, et d'attendre, dans une inaction angoissante, que le processus démarre de lui-même."

"Vous savez ce qu'affirme Comte, dit-il, que l'humanité est composée de davantage de morts que de vivants."

"Allumant France-Inter, il tomba sur une émission qui décortiquait l'actualité culturelle de la semaine; les chroniqueurs s'esclaffaient bruyamment, leurs glapissements convenus et leurs rires étaient d'une vulgarité insoutenable."

"Ce qu'il ressentait était moins du dégoût qu'une sorte de pitié générale pour la terre entière, pour l'humanité qui peut, en son sein, donner naissance à tant d'horreurs."

Prière aux anges gardiens - Franz Liszt

"Un chien c'était aussi amusant, et même beaucoup plus amusant qu'un enfant, et si elle avait envisagé un moment d'avoir un enfant c'était surtout par conformisme, un peu aussi pour faire plaisir à sa mère, mais en réalité elle n'aimait pas vraiment les enfants, elle ne les avait jamais vraiment aimés, et lui non plus n'aimait pas les enfants s'il voulait bien y réfléchir, il n'aimait pas leur égoïsme naturel et systématique, leur méconnaissanceoriginelle de la loi, leur immoralité foncière qui obligeait à une éducation épuisante et presque toujours infructueuse. Non, les enfants, en tout cas les enfants humaines, décidément il ne les aimait pas."

"Marqué sans doute par les idées en vogue dans sa génération, il avait jusque là considéré la sexualité comme une puissance positive, une source d'union qui augmentait la concorde entre les humains par les voies innocentes du plaisir partagé. Il y voyait au contraire maintenant de plus en plus souvent la lutte, le combat brutal pour la domination, l'élimination du rival et la multiplication hasardeuse des coïts sans aucune raison d'être que d'assurer une propagation maximale des gènes. Il y voyait la source de tout conflit, de tout massacre, de toute souffrance. La sexualité lui apparaissait de plus en plus comme la manifestation la plus directe du mal. "

"Je souhaite que les vers dégagent mon squelette (...) J'ai toujours entretenu d'excellentes relations avec mon squelette, et je me réjouis qu'il puisse se dégager de son carcan de chair."

"Dans l'ensemble, les jeunes ne l'intéressaient plus tellement, ses étudiants étaient d'un niveau intellectuel effroyablement bas, on pouvait même se demander, parfois, ce qui les avait poussés à entreprendre des études. La seule réponse, au fond d'elle même elle le savait, était qu'ils voulaient gagner de l'argent, le plus d'argent possible. Sa vie professionnelle pouvait en somme se résumer au fait d'enseigner des absurdités contradictoires à des crétins arrivistes, même si elle évitait de se le formuler en termes aussi nets. "

"Est-ce que c'était une vie d'être constamment sous l'emprise de la morphine?A vrai dire Jed pensait que oui, que c'était même une vie particulièrement enviable, sans soucis, sans désir ni sans crainte, sans responsabilité, proche de la vie des plantes, où lon pouvait jouir de la caresse modérée du soleil et de la brise. Il soupçonnait pourtant que son père aurait du mal à partager ce point de vue. C'était un ancien chef d'entreprise, un homme actif, ces gens là ont souvent des problèmes avec la drogue se dit-il."

"Petissaud était plus surprenant: assez beau, bronzé d'une manière que l'on devinait permanente, il souriait devant l'objectif, affichant une assurance sans complexes. Il avait au fond assez exactement le physique que lo'n associe à un chirurgien esthétique cannois habitant avenue de la Californie."

"Sur ce dont je ne peux parler, j'ai l'obligation de me taire" Wittgenstein

"Il avait quelquefois l'hypermarché pour lui tout seul - ce qui lui paraissait être une assez bonne approximation du bonheur."

"Le triomphe de la végétation est total."