samedi 31 décembre 2011

Bilan 2011 - Meilleures lectures 2011

Livres de poche:
1/ In cold blood by Truman Capote
2/ Le petit chose d'Alphonse Daudet
3/ Un brillant avenir de Catherine Cusset
4/ Le roi de fer de Maurice Druon
5/ Corps et âme de Frank Conroy

Rentrée littéraire:
1/ Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan
2/ Tout, tout de suite de Morgan Sportès
3/ Electrico W de Hervé Le Tellier

Courir de Jean Echenoz

Lu à Paris en Janvier 2012

"Personne, car tout le monde s'en fout, ne songe à noter qu'il vient accessoirement de pulvériser le record tchécoslovaque."

"Prague où, ces années-là, tout le monde a peur, tout le temps, de tout le monde et de tout, partout."

"Mais là, trois médailles d'or raflées en dix jours par le même type, on ne croit pas avoir déjà vu ça: cent mille spectateurs debout ne s'étonne pas seulement de ce qu'il voient, mais aussi du bruit qu'ils peuvent faire en le voyant."

"Je ne sais pas vous mais moi, tous ces exploits, ces records, ces victoires, ces trophées, on commencerait peut-être à en avoir un peu assez. Et cela tombe bien car voici qu'Emile va se mettre à perdre."

"devant un film qu'on leur projette et qui exalte la Suisse en général et le chocolat en particulier"

mardi 27 décembre 2011

Imperial Bedrooms - by Bret Easton Ellis

Lu à Paris en décembre 2011

"Some people at that party, she adds, are freaks, then mentions a drug I've never heard of, and tells me a story that involves ski masks, zombies, a van, chains, a secret community, and asks me about a Hispanic girl who disappeared in some desert."

"She could be twenty. she could be thirty. You can't tell. And if you could, everything would be over."

-"Look, I had a stressful week _"
-"Stop it!", I say. "You got a tan"

"Women aren't very bright", Rip says. "Studies have been done."

a swarm - un essaim
to be swarming with... - grouiller de...
to drool - baver
Proclivity - propension, tendance, inclinaison
Tinge - une teinte, une nuance de couleur
a slouch - un traîne-savatte
to slouch - traîner, avoir le dos vouté
slouched - avachi
a tryst - un rdv galant
brittle - cassant, fragile
outlandish - folklorique, bizarre, baroque
to dis (sb/sthg) - critiquer, débiner
haze - brouillard, brume
to placate - calmer, apaiser
the levity - la légereté, des manières peu sérieuses
to elicit - provoquer, susciter (une réponse, une réaction)
to brood - ruminer d'un air maussade
brooding - maussade
scruffy - débraillé
stubble - barbe de plusieurs jours
strewn - éparpillé
mellow - suave, calme, moelleux
to shroud - envelopper, ensevelir, voiler
to clutch at sthg - saisir, s'accrocher à qqch

Le ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras

Lu à Paris en décembre 2011

(J'ai bien peur qu'à part l'Amant et Un barrage contre le Pacifique tous les autres romans de Duras ne soient à jeter...)

lundi 12 décembre 2011

La chambre des officiers - Marc Dugain

Lu à Paris en Décembre 2011

A la question: "Qui est Dieu?" on devait répondre: "Dieu est un petit bonhomme sans queue."

"L'homme de la terre sait qu'il n'est que le maillon d'un ensemble régi par des lois simples et que, pour le reste, c'est se martyriser que de vouloir en savoir plus. Les gens des villes sont le centre d'un monde qu'ils ont fait eux-mêmes. Ils en crèvent, rongés de l'intérieur par le doute."

"Le commandant est un type immense, bedonnant. Une bonne tête, mais l'amabilité un peu politique, qui vous aime bien tant que vous faites son boulot, que vous ne le mettez pas en porte-à-faux avec ses supérieurs et qui vous laissera tomber avec le même sourire affable quand les ennuis commenceront."

"Je compris qu'il existait une foi qui ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu envisager jusqu'ici. Penanster ne cherchait aucune protection divine, sa relation avec le Créateur n'avait rien de celle du maître et de l'élève. Il distinguait les croyants, dont il s'honorait de faire partie, des superstitieux. "Les premiers donnent, disait-il. Les seconds donnent pour recevoir." Il pensait que l'homme, dans sa quête de certitudes, courait à sa perte, que Dieu lui avait attribué un degré de conscience qui lui permettait de comprendre les grandes questions, mais que jamais le Créateur ne lui avait assigné la tâche d'y répondre, tâche qu'il s'était réservée. C'est ce qu'il appelait le grand malentendu. Avec Penaster la religion prenait un sens bien différent de celui donné par les caricatures des enseignements et les comportements des dévots qui avaient croisé mon enfance et dont la foi n'était rien d'autre qu'une volonté de domination par la morale. "

"-Il n'y a rien de plus impitoyable que le regard d'une prostituée n'est-ce pas ?
Weil répondit que tant que nous n'avions pas de belle-mère, il était difficile de se prononcer."

"Ma mère était à la fois horripilante et réconfortante, car elle était incapable de donner aux évènements la moindre intensité dramatique. L'intelligence limitée de ma mère avait survécu à l'ombre de la personnalité de mon père. Celui-ci disparu, elle avait retrouvé sa vraie nature: celle d'un écureuil qui s'affaire dans la crainte de l'hiver."

"Cette chaleur m'apporta un réconfort dont je commençais seulement à m'avouer la nécessité. Je craignais que ma mère ne vienne gâter cette merveilleuse soirée par une de ses phrases stupides dont elle avait le secret, mais il n'en fut rien. "

"Penanster nous écrivait souvent. On sentait chez lui une jubilation de l'écriture, à laquelle il accordait un grand rôle dans la manifestation de l'amitié. "

"-Je voudrais que nous restions amis.
-C'est un os qu'on donne au chien."

lundi 5 décembre 2011

Les rois maudits - Tome I - Le roi de fer - Maurice Druon

Lu à Paris - en Décembre 2011

(Trop bien !!)

"Prends garde, mon fils, lui avait dit un jour messire Gaultier d'Aunay le père, les femmes les plus riches sont celles qui coutent le plus cher."

"Hérétiques ! Au feu! au feu, les hérétiques!"

De ce visage en feu, la voix effrayante proféra: "Pape Clément!... Chevalier Guillaume!... Roi Philippe!... Avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment! Maudits! Maudits! tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races!..."

"Ces gens-là ont de grands airs appris, mais point de manières de coeur, et ils rebutent les meilleurs dévouements. Ils n'ont point à s'étonner d'être si mal aimés et si bien trahis."

"Il y avait chez cette belle fille quelque chose d'irritant et de trouble. Elle établissait avec les hommes, dès le premier abord, une relation d'immédiate complicité, comme si elle devait ne leur opposer aucune résistance. Mais en même temps, elle leur faisait se demander si elle était complétement stupide ou si elle se moquer paisiblement d'eux."

"Comme il arrive souvent aux hommes de pouvoir, lorsqu'ils viennent d'assumer de tragiques responsabilités, le roi Philippe méditait autour de problèmes universels et vagues, quêtant dans l'invisible la certitude d'un ordre où s'inscrivissent sans erreur sa vie et ses actions. "

"Chaque homme, parce qu'il croit un peu que le monde est né en même temps que lui, souffre, au moment de quitter la vie, de laisser l'univers inachevé. A plus forte raison un roi. "

mardi 29 novembre 2011

Eléctrico W - Hervé Le Tellier

Lu à Paris - Novembre 2011

1% de la rentrée littéraire (7/7)

(trop bien ! Je veux TOUT lire de cet auteur.)

"C'était les années soixante-dix, la fin calamiteuse de l'Estado novo, des années de la dictature de Salazar, un Portugal rural aujourd'hui oublié, salazariste, catholique et analphabète. La télévision interviewait avec un immense respect soeur Marie des douleurs qui soufflait ses soixante bougies au carmel, parce qu'elle avait été Lucia Dos Santos, l'une des trois enfants voyants de Fatima à qui par six fois, en 1917, la Sainte Vierge était apparue. Oui, c'était le temps des trois F, Fatima, fado, football. "

Lire les Contos Aquosos de Jaime Montestrela:
"Sur l'île de Tahiroha, le jour du Vendredi Saint, les cannibales convertis au christianisme ne mangent que des marins."

"J'allais livrer un dernier combat avec cette habileté rageuse des perdants, de ceux qui sont tant allés de défaite en défaite qu'il leur est même devenu indifférent de gagner. La philosophie désespérée des laids, des vieux, des pauvres."

"Mon nom aussi est juif, c'est Oliveira. Et mon deuxième prénom c'est Judite. Mais je suis baptisée. C'est compliqué les dieux."

"J'ai trente ans. Et toi? Tais-toi, ne réponds pas, surtout, imbécile... Dire son âge, ça fait vieillir."

"Je n'aime pas les garçons myopes. Ils donnent l'impression qu'on doit les protéger, et le matin, quand ils se réveillent , on est toujours moins importante que leurs lunettes."

"N'en dis pas plus. Si tu parles trop, ce ne sera jamais assez."

Et signe. Lisiblement. Sans impatience. Comme à regret.

"Les trop belles femmes ne m'attirent pas, à cause de ce refus de séduire qu'elles affichent, de cette hostilité froide qui suinte d'elles, qui leur évite d'être trop souvent importunées."

"Jamais je n'aurais osé jalousé Antonio pour la tendresse qu'elle lui portait, car elle détenait le secret de l'infinie pudeur, elle savait se montrer désirable à lui seul."

"Ce devait être du Mozart. Le premier concert d'un enfant, c'est toujours du Mozart. J'ai dû avoir droit à l'inévitable: "A ton âge, le petit Wolfgang avait composé sa première symphonie" qui peut convaincre les plus endurcis que leur vie est déjà perdue."

"Rien ne me pousse à écrire, aucune marée de phrase ne me chahute. Il y a tant de vanité là-dedans que je n'écris que pour me croire digne de mon propre respect."

"Vieira avait beaucoup de goût. Mauvais, mais beaucoup, comme disait je ne sais plus qui."

"Je n'ai rien caché, rien embelli, pas noirci non plus, ni cherché à noyer dans un humour malvenu les épisodes les moins glorieux. (...) La sincérité de mes confidences m'a apaisé."

"Le peuple de l'archipel d'Adjiji est persuadé que Dieu, qu'ils appellent Niaka, est très méchant et que le Diable, qu'ils nomment Puku, est bon. Ils suivent les règles morales édictées par les prophètes de Puku, qui les exhortent à renoncer à Niaka. Cela ne change finalement pas grand chose."

"J'ai eu envie de rappeler Paul, de lui dire ce que pouvait être une famille, ou simplement deux frère. Lui dire l'affection que j'avais pour lui, lui mon petit frère longtemps trop petit pour moi, que j'avais si peu et si mal rencontré, lui dire aussi la peine que j'aurais à perdre avec lui le peu qui me restait de mon enfance. Je ne l'ai pas fait. J'ai pensé lui écrire. Je ne l'ai pas fait non plus."

"Je n'étais pas loin de penser comme Gertrude Stein: If it can be done, why do it? "

"Je vais vous enseigner une vérité qui vous servira peut-être: avoir de la chance avec les femmes, ça n'existe pas. Ce qui existe, c'est deviner qu'une femme vous laisse une chance, et la saisir."

"Il pleure sur ce qui aurait pu être. Elle pleure aussi, mais sur ce qui justement n'aurait pas pu être. Ce ne sont pas les mêmes larmes."

"Je n'ai pas eu de chance avec les femmes, ou pas su la saisir. Disons que je plaisais trop peu à celles qui me plaisaient, et que celles que j'aurais pu séduire étaient trop disposées à l'être pas n'importe qui. Pourtant, j'aurais aimé avoir un enfant. Des enfants."

"Tous les mauvais romans se ressemblent, mais chaque bon roman l'est à sa façon."





lundi 14 novembre 2011

Un roman français - Frédéric Begbeder

Préface par M. Houellebecq:

"J'ai moins aimé ce qui concerne les nuits passées en garde à vue pour consommation de cocaïne sur la voie publique. C'est curieux, j'aurais dû sympathiser, ayant moi-même passé une nuit en prison pour une infraction à peu près aussi conne (avoir fumé une cigarette dans un avion) - et, je confirme, les conditions de détention, ce n'est pas tout à fait ça. Mais l'auteur et son ami le poète sont un peu revendicatifs, grandes gueules."

"Dans cet épisode délinquant, quelque chose ne va pas. L'enfant ne se reconnaît pas dans l'adulte qu'il est devenu. Et, là aussi c'est probablement la vérité: l'enfant n'est pas le père de l'homme. Il y a l'enfant, il y a l'homme et entre les deux, il n'existe aucun rapport. C'est une conclusion inconfortable, embarrassante: on aimerait qu'au centre de la personnalité il y ait une certaine unité; c'est une idée dont on peine à se détacher; on aimerait pouvoir faire le lien."

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"Mon enfance n'est ni un paradis perdu, ni un traumatisme ancestral. Je l'imagnie plutôt comme une lente période d'obéissance. On a tendance à idéaliser ses débuts mais un enfant est d'abord un paquet que l'on nourit, transporte et couche. En échange du logement et de la nourriture, le paquet se conforme à peu près au réglement intérieur."

"Je ne parlerai pas de moi, pour ne pas me condamner à parler de vous" Mauriac s'adressant à sa famille.

"La famille est une succession de corvée, une meute de personnes qui vous ont connu bien trop tôt, avant que vous ne soyez terminé - et les anciens sont toujours les mieux placés pour savoir que vous ne l'êtes toujours pas.(...) Une vie de famille est une succession de repas dépressifs où chacun répète les mêmes anecdotes humiliantes et automatismes hypocrites, où l'on prend pour un lien ce qui n'est que loterie de la naissance et rites de la vie en commnauté. Une famille, c'est un groupe de gens qui n'arrive pas à communiquer mais s'interrompent très bruyamment, s'exaspèrent mutuellement, comparent les diplômes de leurs enfants comme la décoration de leur maison, et se déchirent l'héritage des parents dont le corps est encore tiède. Je ne comprends pas les gens qui considèrent la famille comme un refuge alors qu'elle ravive les plus profondes paniques. Pour moi, la vie commençait quand on quittait sa famille. Alors seulement, l'on se décidait à naître. Je voyais la vie divisée en deux partie: la première était un esclavage, et l'on employait la seconde à essayer d'oublier la première. S'intéresser à son enfance était un truc de gâteux ou de lâche."

"Avez-vous remarqué que tous les contes de fées se terminent le jour du mariage? Moi aussi je me suis marié à deux reprises, et j'ai éprouvé la même crainte, à chaque fois, pile au moment de dire "oui", cette intuition désagréable que le meilleur était derrière nous."

"On se drogue parce que la vie est assomante, que les gens sont fatigants, qu'il n'y a plus tellement d'idées majeures à défendre, qu'on manque d'entrain." Françoise Sagan

"On peut oublier son passé. Cela ne signifie pas que l'on va s'en remettre."

"Il est possible que j'aie cru être amnésique alors que j'étais juste un parresseux sans imagination. Nabokov et Borges disent, à peu de chose près la même chose: l'imagination est une forme de la mémoire."

"Si j'ai perdu la mémoire à l'âge adulte, c'est peut-être que déjà, très jeune, je n'avais plus confiance en la réalité."

"Depuis je n'ai cessé d'utiliser la lecture comme un moyen de faire disparaître le temps, et l'écriture comme un moyen de la retenir."

"En fuyant ma famille, je ne me rendais pas compte que j'abdiquais face à une aliénation bien pire: la soumission à l'individualisme amnésique. Privé de nos liens familiaux, nous sommes des numéros interchangeables comme les "amis" de Facebook, les demandeurs d'emploi de l'ANPE ou les prisonniers du Dépôt."

"Quand je prias pour les Ethiopiens à la messe de l'école Bossuet, c'était surtout pour ne pas leur ressembler."

"C'est pour cela que j'aime l'autobiographie: il me semble qu'il y a là, enfoie en nous, une aventure qui ne demande qu'à être découverte, et que si l'on arrive à l'extraire de soi, c'est l'histoire le plus étonnante jamais racontée. "Un jour mon père à rencontré ma mère, et puis je suis né, et j'ai vécu ma vie." Waow, c'est un truc de maboul quand on y pense. Le reste du monde n'en a probablement rien à foutre, mais n'est notre conte de fées à nous. Certes, ma vie n'est pas plus intéressante que la vôtre, mais elle ne l'est pas moins. c'est juste une vie, et c'est la seule dont je dispose. Si ce livre a une chance sur un milliard de rendre éternels ma mère, mon père et mon frère, alors il méritait d'être écrit. c'est comme si je planter dans ce bloc de papier une pancarte indiquant: ICI PLUS PERSONNE NE ME QUITTE. Aucun habitant de ce livre ne mourra jamais."


A LIRE:
Les chroniques martiennes et Fahrenheit de Ray Bradbury
Le voyageur imprudent de Barjavel
La sage des Robots d'Asimov
La saga des "Non-A" d'A.E. Van Vogt
Baise-ball à La Baule - San Antonio

mardi 8 novembre 2011

L'abolition de Robert Badinter

"J'étais passé de la conviction intellectuelle à la passion militante."

Au sujet de l'affaire Patrick Henry en 1976 - "Le soir, Roger Gicquel, les plus célèbre des présentateurs, ouvrit le journal de 20 heures sur TF1 par une phrase qui allait connaître la célébrité: "La France a peur". "

"Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement" La Rochefoucauld

"L'accusation dans un cour d'assises, est d'autant plus redoutable qu'elle se montre modérée dans le ton, objective dans l'argumentation, sans passion dans les conclusions. "

"De sa plaidoirie, lorsque l'avocat ne l'a pas écrite pour la lire comme sermon en chaire, de sa plaidoirie lorsqu'elle a jailli comme si un autre s'était substitué à lui et l'emportait là où il ne pensait jamais aller, vers un soleil noir, l'avocat ne conserve que des impressions. Elles se figent ensuite en souvenirs. "

Extrait de la plaidoirie de R. Badinter dans l'affaire Patrick Henry: "Si vous votez comme Monsieur l'Avocat général vous le demande, je vous le dis, le temps passera, c'en sera fini du tumulte, des encouragements, vous demeurerez seul avec votre décision. On abolira la peine de mort, et vous resterez seul avec votre verdict, pour toujours. Et vos enfants sauront que vous avez un jour condamné à mort un jeune homme. Et vous verrez leur regard!"

"peut-être les juges se rappelleraient-ils, à l'heure de la décision, que la postérité finit toujours par juger ceux dont les verdicts font l'histoire"

"Le garde des Sceaux avait rappelé que, pour le gouvernement, la question de la peine de mort n'était pas d'actualité. Pierre Bas et Bernard Stasi décidèrent de recourir à un stratagème qui avait été utilisé naguère avec succès contre la censure théâtrale: pour la faire disparaître, on avait supprimé ses crédits budgétaires. Ils demandèrent donc la suppression du traitement du bourreau."

"Il n'y a rien, dans ma vie professionnelle, que j'ai autant aimé qu'un grand procès d'assises. Parce qu'on connaît les rites, les personnages, la matière du drame, mais qu'on ignore l'essentiel: le dénouement. Parce qu'après travers ces procédures minutieusement réglées, l'imprévisible peut à tout moment surgir. Un témoin dont on attend le pire procure une défense, en livrant un détail jusque-là ignoré, une ouverture inespérée. Un autre, au contraire, dont on espérait qu'il saurait émouvoir les jurés, paralysé par le trac, récite d'un ton monocorde une déposition préparée. Les incidents jalonnent le cours des débats, parfois utiles pour dissiper l'impression laissée par un expert, parfois dangereux quand ils dégénère en querelles de mots avec le ministère public. L'audience, c'est la mer pour l'avocat d'assises: toujours imprévisibles, parfois périlleuse. Ne demandez pas au marin pourquoi il aime l'océan. Il l'aime, voilà tout, c'est sa passion, son élément, sa vie. De même, l'avocat aime l'audience pour les bonheurs qu'elle lui dispense, les épreuves qu'elle lui réserve, et même l'angoisse qu'il ressent quand la fortune judiciaire l'abandonne. L'audience criminelle est pour lui comme le champ clos des tournois, le carré éblouissant du ring, le lieu magique de la souffrance, de la gloire et parfois aussi de la défaite. "

"De cette plaidoirie-là pas plus que des autres je n'ai gardé la mémoire exacte. Seulement des souvenir désarticulés, des impressions, des images qui jaillissent. "

"Pour reprendre l'initiative et regagner la confiance des électeurs de sa majorité, le président de la république et le gouvernement avaient, au printemps 1980, choisi le terrain de la lutte contre l'insécurité. Le thème était porteur. La délinquance, surtout la petite délinquance urbaine s'accroissait, notamment chez les jeunes confrontés à un chômage grandissant. Ces questions avaient été analysées en 1976 dans le rapport du Comité d'étude sur la violence que présidait Alain Peyrefitte. Mais la lutte contre les causes sociales de la délinquance est de longue haleine, ses résultats difficiles à mesurer, son coût financier élevé. En revanche, face à une opinion publique excédée par la violence quotidienne, proclamer sa ferme intention de faire respecter l'ordre et la loi est toujours bien accueilli. Le ministre de l'Intérieur, Michel Poniatowski, avait organisé des opérations de police à grand spectacle, dites "coup de poing", dont l'efficacité laissait sceptiques les responsables policiers. Le garde des Sceaux avait fait préparé un projet de loi intitulé "Sécurité et Liberté". Comme il avait du talent et la majorité de droit se voulait "libérale" face à la gauche "socialo-communiste", il s'attachait à répéter dans tous les médias que "la sécurité est la première des libertés". "

"En six semaines, à l'automne 1980, quatre condamnations à mort furent prononcées. (…) Le plus âgé des quatre condamnés n'avait pas vingt-cinq ans. "

"Un autre facteur, encore mal perçu, contribuait à ce durcissement des verdicts. Jusqu'en 1978, les jurés des cours d'assises faisaient l'objet d'une sélection discrète lors de l'établissement des listes de session par les autorités municipales. Il ne s'agissait pas, comme au 19ème siècle, de composer des jurys de notables soucieux de défendre à tout prix l'ordre et la propriété. Mais les jurés comptaient une forte proportion de membres des professions libérales, de fonctionnaires, de cadres. Dans ces milieux, dont le niveau culturel est supérieur à celui de la moyenne population, le nombre de partisans de l'abolition, et plus généralement d'une modération des peines, était plus élevé. Cette sélection des jurés potentiels faisait l'objet de critiques de la part de ceux qui voulaient que la composition des jurys reflétât celle du peuple français au nom duquel ils jugeaient. Aussi, une loi de 1978, voté à l'unanimité, avait décidé que, dorénavant, les jurés seraient désignés par simple tirage au sort sur les listes électorales. Les principes démocratiques s'en trouvaient mieux respectés. Mais la sévérité accrue des verdicts témoignait de ce que le sentiment populaire n'était nullement porté à la mansuétude envers les criminels, fussent-ils d'origine modeste ou socialement défavorisés. Les sondages indiquaient d'ailleurs que c'était dans les milieux populaires que l'attachement à la peine capital demeurait le plus vif. Les verdicts de l'automne 1980 reflétait ce changement dans la composition des jurys et laissait présager d'autres condamnation à mort. "

"Dans ma conscience, dans la foi de ma conscience, je suis contre la peine de mort. Et je n'ai pas besoin de lire les sondages qui disent le contraire: une opinion majoritaire est pour la peine de mort. Et bien moi, je suis candidat à la présidence de la République… Je dis ce que je pense, ce à quoi je crois, ce à quoi se rattachent ma croyance, mes adhésions spirituelles, mon souci de la civilisation. Je ne suis pas favorable à la peine de mort." François Mitterrand.

"Dans une Assemblée, les parlementaires sont chez eux. Comme ministre, vous êtes leur invité. Ils peuvent vous brocarder, vous attaquer, vous lancer mille flèches. Même transformé en Saint Sébastien, ne vous laissez jamais aller à répondre sur le même ton. Votre meilleure arme, c'est l'ironie. On vous pardonnera tout si vous savez faire rire au détriment de votre adversaire. Mais jamais du colère ni de fureur…" propos prêtés à F. Mitterrand

vendredi 4 novembre 2011

L'art français de la guerre d'Alexis Jenni

Lu en Paris en Novembre 2011

(Prix Goncourt 2011)

** 1% rentrée littéraire 6/7 **

"La télévision donnait des détails, toujours précis, on fouillait les archives au hasard. La télévision sortait des images d'avant, des images neutres qui n'apprenaient rien; on ne savait rien de l'armée irakienne, rien de sa force ni de ses positions, on savait juste qu'elle était la quatrième armée du monde, on le savait parce qu'on le répétait. Les chiffres s'impriment car ils sont clairs, on s'en souvient donc on les croit. Et cela durait, cela durait. On ne voyait pas la fin de tous ces préparatifs."

"Les chiffres traversent le langage sans même s'apercevoir de sa présence; les chiffres laissent coi, bouche ouverte, gorge affolée cherchant l'oxigène dans l'ai raréfié des sphère mathématiques."

"Oh comme le cinéma montre bien les choses! regardez! Regardez comme deux heures montrent bien plus que des jours et des jours de télévision!"

"Ils devenaient de plus en plus futiles, ils devenaient baudruches errantes, ils se propulsaient dans la pièce, sans but, par l'air qui fuyait de leur bouche."

"Le brouillard l'entourait, vaguement luminescent mais sans lui permettre de rien voir, diffusant juste assez de lumière pour lui assurer qu'il ne fermait pas les yeux."

Retour à Killybegs de Sorj Chalandon

Lu à Paris en octobre 2011

(Grand prix du roman de l'Académie Française 2011)

** 1% de la rentrée littéraire 5/7 **

"Je n'ai plus posé de question. Et Danny a gardé les siennes. Lui et moi allions faire la guerre aux Anglais, comme nos pères la faisaient. Et nos grand-pères aussi. Poser des questions, c'était déjà déposer les armes."

"L'impression qu'il y avait toujours un jugement derrière les rideau. Les Britanniques surveillaient nos gestes, l'IRA surveillaient notre pensée, les parents surveillaient notre enfance et les fenêtres surveillaient nos amours. Rien ne nous cachait jamais."

"En suivant Barabbas, tu condamnes Jésus."

"J'étais écoeuré d'amour."

"C'était ça. Un salaud est peut-être un chic type qui a baissé les bras."

"Il a voulu me répondre. Murmurer un mot qui abîme le silence."

Tout, tout de suite de Morgan Sportès

Lu en Octobre 2011 à Paris

** 1% de la rentrée littéraire 4/7 **

Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan

Lu à Paris en Octobre 2011

** 1% de la rentrée littéraire 3/7 **

Le système Victoria d'Eric Reinhardt

Lu en Septembre 2011 à Paris

** 1% rentrée Littéraire 2/7 **

"-En même temps je pense que c'est un moyen de se disculper à con compte, ce sont des larmes à l'américaine, c'est l'émotion immédiate, naturelle, à laquelle tout le monde cède. Après avoir pleuré sur le sort des ouvriers, on a bonne conscience... on repart de l'avant et on continue à détruire.
- Tu es horrible de me dire ça, tu me vois donc comme un monstre?
- Non, je ne te vois pas comme un monstre. Mais je trouve ça encore pire de pleurer après l'avoir fait. Il aurait été plus décent que tu te dispenses de tomber dans l'émotion facile."

"Tel était le système qui fondait l'existence de Victoria: ne jamais être à la même place, se segmenter dans un grand nombre d'activités et de projets, pour ne jamais se laisser enfermer dans aucune vérité - mais peut-être être soi-même, dans le mouvement, dans sa propre vérité. Victoria n'éprouvait pas de pitié, de remords, de tristesse ou d'angoisses, car elle les dissolvait par le mouvement et la fragmentation. C'est la vitesse la vérité de notre monde, et pas les situations locales qu'elle permet aux puissants de survoler, de traverser ou d'entreapercevoir. Victoria était partout chez elle, n'était contrainte nulle part, disposait d'une échappatoire en toute circonstance."

"Personne ne peut dire qui a raison, toi ou les syndicats, ni où se trouve la vérité de ce combat qui vous a opposés. Est-ce que tu les as trompés pour leur bien? Est-ce qu'ils se trompent eux-mêmes en refusant d'évoluer? Ou au contraire, vous les avez vraiment baisés, et ils se préparent à vivre des moments difficiles? Qui a raison, et qui a tort? Personne, peut-être... eut-être que cette question n'a plus lieu d'être, qu'il ne faut plus se demander si les gens ont raison, ou s'ils ont tort, de faire ce qu'ils font, de croire ce qu'ils croient. Peut-être que le nombre de situations où il sera absurde de vouloir déterminer qui a raison, ou qui a tort, va aller en augmentant... C'est ça peut-être la définition de notre monde libéral, et c'est pourquoi tu l'incarnes si bien... Je suis sans doute un peu fatigué mais j'ai l'impression de ne plus rien comprendre... de ne plus savoir quoi penser des choses qui  relèvent du social, de la politique et de l'économie. Là, maintenant, je n'arrive pas à savoir si tu es horrible ou merveilleuse, atroce ou bien sublime."

Le ravissement de Britney Spears de Jean Rolin

Lu à Paris en septembre 2011

** 1% rentrée littéraire 1/7 **

"En repassant devant le strip tease, je me rappelai que cela faisait longtemps que je n'avais pas eu d'activité sexuelle et je me promis d'y remédier prochainement."

"Il arrive cependant que Lindsay, qui n'est tout de même agée que de vingt-quatre ans, s'efforce de renouer avec cette image de jeune femme douce, et dénuée de pose, dont se souviennent ceux qui l'ont connue autrefois. Par exemple en militant - ponctuellement - contre l'exploitation des enfants dans des usines indiennes. Ou, plus humblement, en conviant des paparazzis à la filmer dans l'exercice d'activités innocentes et banales (bien qu'éventuellement rémunérées), telles que la préparation de milk-shakes: tant il est vrai que la crème glacée est décidément l'une des espèces sous lesquelles les stars communient le plus volontiers avec leur public. La mise en ligne de la vidéo montrant Lindsay, de concert avec sa petite soeur Ali, l'une et l'autre vétûes de longs tabliers noirs, et les mains gantées de matière plastique translucide, en train de préparer des milk-shakes (...) La scène, filmée par des dizaines de paparazzis -il s'agit clairement d'un set-up -, se déroule dans la boutique Millions of Milkshakes située sur Santa Monica presque en face du Santa Palm Car Wash (...).La boutique fait partie d'une chaîne appartenant à un jeune entrepreneur britannique d'origine pakistanaise, Sheeraz Hasan, qui, parmi d'autres grands desseins, prétend vouloir réconcilier l'islam et l'Amérique, par des voies - le commerce de milk-shakes étant l'une des moindres - dont il est douteux qu'elles recueillent l'adhésion de eaucoup de fidèles du premier. Quant aux efforts que déploient Lindsay pour paraître normale, et gentille - une grande soeur attentive consommant des produits lactés- il en faudrait beaucoup plus pour désarmer la malveillance de la presse spécialisée. Le jour même où cette vidéo est mise en ligne, tel ou tel site se fait écho d'une rumeur selon laquelle, à l'âge de dix-sept ans, elle se serait envoyée en l'air avec un certain Tommy Motola, ce qui -ne me demandez pas pourquoi- serait de nature à nuire gravement à sa réputation. (...) La plupart du temps, ces informations sont présentées au conditionnel, voire aussitôt démenties, mais le rythme auquel elles se succèdent n'en réussit pas moins à donner de Lindsay l'image d'une épave - train wreck- vindicative et rabrouée, titubant sous l'emprise de toxiques divers, dont la chute imminente est guettée jour après jour avec des transports de volupté."

"Comme il est de règle mon amour naissant pour Wendy, imprimait une certaine souplesse, voire une certaine laxité, à mes jugements moraux habituellement plus abrupts."

"Mais un autre jeu, proposé par Hollywoodgossip, abonde également dans le sens de Serge: à la question "Où aimeriez-vous voir Lindsay Lohan?" seul 8% des 2312 votants (le lundi 24 mai 2010 à 17 heures) avaient répondu "dans mes bras", parmi les quatre réponses possibles, contre 16% qui souhaitaient l'envoyer dans un "trou à crack" (local crack den), 24% en cure de désintoxication et 50% en prison. (De ce qui précède, il ressort également que 2% des votants s'étaient refusés à choisir entre les quatre options proposées.) De mon coté, j'ai répondu (électroniquement) "dans mes bras", et je dois porter au crédit de Hollywoodgossip que mon vote a été immédiatement pris en compte."

"La discussion entre Shotemur et les garde-frontières s'envenime parfois, mais les Tadjiks sont assez enclis à vociférer, pour le plus léger désaccord, sans que ces éclats de voix tirent à conséquence ou témoignent nécessairement de position inconciliables."

"On peut penser tout le mal qu'on veut des Etats-Unis: mais il semble que nulle part ailleurs, dans le monde, on ne rencontrera dans un bar autant de gens différent - des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des beaux et des moches, des gringalets et des colosses, des Noirs et des Blancs, des anglophones et des hispanophones, des militaires et des civils - communiant dans un tel climat d'innocence, si difficile que puisse être la définition de cette qualité, ou de cet état d'esprit. Ce soir-là, j'avais été frappé, notamment, par l'extraordinaire indulgence, et le feint enthousiasme, avec lesquels le public avait accueilli une pâle imitation de Janis Joplin, en karaoké, à laquelle s'était livrée une jeune femme obèse édentée."

mardi 23 août 2011

Dostoïevski - Crime et Châtiment

Lu en Malaisie - en Aout 2011

"Tu mens exprès, par entêtement féminin, rien que pour ne pas céder devant moi..."

"Pourquoi exiges-tu de moi un héroïsme qui n'existe peut-être même pas en toi non plus ? "

"Avez-vous remarqué, Rodion Romanovitch, que si chez nous, je veux dire en Russie, et surtout dans non petites coteries de Pétersbourg, deux personnes intelligentes se rencontrent qui ne se connaissent pas trop bien mais, pour ainsi dire, s'estiment mutuellement, tenez, comme nous deux en ce moment, elles n'arrivent pas, une demi-heure durant, à trouver un sujet de conversation, sont toutes raides l'une devant l'autre, restent assises et se troublent mutuellement. Tout le monde a un sujet de conversation, les dames par exemple... ou encore, mettons, les gens du monde, de plus haute volée, en ont toujours un, c'est de rigueur, tandis que les gens moyens comme nous sont tous embarrassés et peu bavards... je veux dire ceux qui pensent. D'où cela vient-il, mon cher? Si ce sont les intérêts communs qui manquent ou si nous sommes trop honnêtes et nous refusons à nous tromper les uns les autres, je ne le sais pas. Hein? Qu'en pensez-vous?"

"D'ailleurs, que trouvez-vous donc, dites-le-moi, je vous prie, que trouvez-vous de si honteux et de si méprisable dans les fosses à ordures? Je suis le premier prêt à nettoyer les fosses que vous voudrez! Il n'y a là aucun sacrifice de soi-même! Ce n'est que du travail, une noble activité utile à la société qui en vaut une autre et qui est bien supérieure en tout cas à l'activité, par exemple, de quelque Raphaël ou d'un Pouchkine, parce que plus utile."

"J'ai appris par la suite, Sonia, que s'il fallait attendre que tous les hommes fussent devenus intelligents, il faudrait attendre trop longtemps... Puis j'ai appris aussi que cela ne sera jamais, que les hommes ne changeront pas, qu'il n'y a personne pour les changer et que cela n'en vaut pas la peine! Oui c'est ainsi! C'est pour eux une loi... une loi Sonia! C'est ainsi! Et je sais maintenant, Sonia, que celui qui est fort et ferme dans son âme et par son intelligence, celui-là est aussi leur maître! Celui qui ose beaucoup a raison à leurs yeux. Celui qui peut mépriser le plus fait la loi chez eux, et celui qui peut oser le plus, celui-là a le plus raison. C'est ainsi qu'il en était jusqu'à présent, et il en sera toujours ainsi. Seul un aveugle ne s'en apercevrait pas!"

"Cent lapins ne feront jamais un cheval, cent soupçons ne feront jamais une preuve" (proverbe anglais)

"Le souci de l'esthétique est le premier symptôme de l'impuissance."

"A la dialectique s'était substituée la vie, et quelque chose de tout différent devait s'élaborer dans sa conscience."

The Straw Men - Michael Marshall

Lu (dévoré) en Malaisie en Aout 2011

(fait partie de la trilogie: The Straw Men / The Upright man - The Lonely Dead / Blood of Angels)

Souvenirs de la cour d'assises - André Gide

Lu en Malaisie - Aout 2011

(intéressante lecture alors que le Président de la République propose d'instaurer des jurys populaires pour juger certains délits)

Le Poulpe - Arrêtez le carrelage - Patrick Raynal

Lu en Malaisie - Aout 2011

"Arrêtez le carrelage, ou vous allez passer un sale carreleur !"

"Le Poulpe sourit largement: Eh ben, voilà. T'as prevervé ta petite gueule en la fourrant dans le cul d'un pote. T'es pas une balance puisque t'es un guerrier bafoué. Comment vous-faites, vous les fachos, quand vous avez plus de papier cul? Vous vous torchez avec votre honneur et vous faites croire que c'est du sang séché? Tu t'en sors bien, sac à merde. C'est les gens qui t'ont pris pour un dur qui ont pas eu de pot."

vendredi 10 juin 2011

jeudi 26 mai 2011

Le Petit Chose - d'Alphonse Daudet

Lu à Paris - en mai 2011

(trop bien - une de mes meilleures lectures de l'année jusqu'à présent)

lundi 21 mars 2011

Guignol's band - Céline

" Traverser l'enfer pour n'y gagner qu'un peu plus soif ! "

" C'est vrai qu'elle trainait une vérole comme on en voit peu... Ca alors j'étais au courant. qu'elle en avait jamais fini!... Les médecins dis! ils se la repassaient!... Boutons par ci!... boutons par là!... Elle y avait couté son pesant d'or Berthe rien qu'en piqûres, bubons... Enfin, n'est-ce pas, c'était ses oignes!... Des fois des trois mois d'hopital pour un bobo facilement, et pourrie des moments de partout, des chancres jusque dans les oreilles... Berthe et Picpus c'est un monde!... Faut voir comment qu'il la corrige! Quand c'est vraiment la discussion... Il y a cassé un jour trois côtes!... Toujours pour son entêtement qu'elle veut pas aller au docteur... C'est infect les femmes qui se soignent pas!... "J'veux pas y aller à mon novar!..." La jérémiade!... Ouah!... Ouah... du mou!... Des saloperies!... Moi j'y vais bien au Véto!... et pas depuis hier!... Depuis quinze ans! régulier! Je saute pas une seule fois!... Santé d'abord! Pourquoi qu'elles y couperaient les tantes? Au caprice?... T'écoute ça? "Ah!... Je me lave pas le cul!... Je suis belle, on m'aime...". Ce que c'est de lever des boniches! Pour la vie c'est sale! Ca traine!... Ca crasse!... jamais pressées!... jamais le cul dans l'eau!... Je garde tout et voilà!... Vérole et le reste!... Ca verrait jamais un bidet si leurs hommes étaient pas constants, malpolis, furieux. Ca pourrit de haut en bas!... Ah! les clients ils se rendent pas compte le mourron que ça représente une femme!... La façon que c'est enragé pour être malade et dégueulasse! A la voilette, au chichi, toujours impeccable! Mais pour la moule! pardon! excuse!... On s'en fout comment!..."

"-Des droits! Des droits! Des droits la merde!"

"-Comment? Comment? Toi vieille morue! Tu montes ici m'agonir! Ah! Vieux caca! vieux suçon! vieille chlingue!...Débine ou je te retourne! Poisson! A l'égout!"

"Quel effet! quelle transe! Les mômes elles en peuvent plus de pouffer!... elles étranglent! elles bêlent!... elles pissent sous elles! Elles s'en tordent la moule à plein doigts tellement qu'elles peuvent plus se contenir!"

"Maintenant ça hurlait dans la tôle. Ils comprenait plus les dockers.... Y avait du trouble dans les consciences... ils croyaient qu'on se montrait méchant avec la poupée!... Ils nous en voulaient subito... Comme ça une tempête soudaine... Fait et cause pour la miniature! Maintenant ils rugissaient pour elle!... Au moins une douzaine de colosses qui voulaient étriper le Cascade!... Illico presto!... Des terribles bras!... Ca va chier!... des tatoués.... des muscles de gorilles!..."

"Je vous intéresse? ou je vous ennuie?... Dites-le moi franchement!... Il vous faut des filles, sans doute? Vous n'êtes pas désincarné? le sortilège des fesses vous poigne?... La volupté!... Les soupirs!
Ah là là! comme je l'écoeure! là tout soudain!... Pouah!... il en crache!... il me fout avec Bonvallot! Ah! dans le même sac!... deux beaux immondes! et que c'était juste son idée! J'avais rien volupté du tout!..."

"-You're from Paris? Vous êtes de Paris?...
La question.
Elle glousse là dessus elle trouve ça drôle que je suis de Paris... Elle me pense cochon..."

"Attention aux femmes! Elles embrouillent tout! elles emmêlent nos moindres effluves! Elles affolent notre Destin! Je vais enfermer la mienne! Dès son retour!... Quelle garce!..."

"On est parti dans la vie avec les conseils des parents. Ils n'ont pas tenu devant l'existence. On est tombé dans les salades qu'étaient plus affreuses l'une que l'autre. On est sorti comme on a pu des ces conflagrations funestes, plutôt de traviole, tout crabe baveux, à reculons, pattes en moins. On s'est bien marré quelques fois, faut être juste, même avec la merde, mais toujours en proie d'inquiétudes que les vacheries recommenceraient.. Et toujours elles ont recommencé... Rappelons-nous!.."

"Lecteurs amis, moins amis, ennemis, Critiques! me voilà encore des histoires avec Guignol's livre I! Ne me jugez point de sitôt! Attendez un petit peu la suite! le livreII! le livreIII! tout s'éclaire! se développe, s'arrange! Il vous manque tel quel les 3/4! Est-ce une façon? Il a fallu imprimer vite because les circonstances si graves qu'on ne sait ni qui vit qui meurt! Denoël? vous? moi?... J'étais parti pour les 1 200 pages! Rendez-vous comptes!
- Oh! il fait bien de nous prévenir! nous n'achèterons jamais cette suite! Quel voleur! Quel livre raté! Quel raseur! Quel guignol! Quel grossier! quel traître !
Tout.
Je sais, je sais, j'ai l'habitude... c'est ma musique!
Je fais chier tout le monde.
Et s'ils l'apprennent au bachot, dans deux cents ans et les Chinois? Qu'est-ce que vous en direz?
-Oh, mais là! pardon! l'esprit fort! Et les trois points! ah! vos trois points! encore partout! ah! quel scandale! Il nous mutile la langue française! C'est l'infamie! en prison! Rendez-nous le pognon! dégueulasse! Il lèse tous nos compléments! Saligot! Ah! que ca va mal!
Séance horrible!
-Pas lisible! Satyre! Jean-Foutre! Escroc!
Pour le moment."

samedi 12 février 2011

In cold blood - Truman Capote

"Of all the people in the world, the Clutters were the least likely to be murdered."

"There's a race of men that don't fit in,
A race that can't tay still;
So they break the hearts of kith and kin;
And they roam the world at will.

They range the field and they rove the flood,
And they climb the mountain's crest;
Theirs is the curse of the gipsy blood,
And they don't know how to rest.
If they just went straight they might go far;
They are strong and brave and true;
But they're always tired of the things that are,
And they want the strange and new."


"A belief in God and the rituals surrounding that belief - church every Sunday, grace before meals, prayers before bed - were an important part of the Deweys'existence. "I don't see how anyone can sit down to table without wanting to bless it," Mrs Dewey once said. "Sometimes, when I come home from work - well, I'm tired. But there's always coffee on the stove, and sometimes a steak in the icebox. The boys make a fire to cook the steak, and we talk, and tell each other our day, and by the time supper's ready I know we have good cause to be happy and grateful. so I say, thank you, Lord. Not just because I should - because I want to."

"On their last night in acapulco, a thief had stolen the Guibson guitar. Perry was bitter about it. He felt, he later said, "real mean and low", explaining, "You have a guitar long enough, like I had that one, wax and shine it, fit your voice to it, treat it like it was a girl you really had some use for - well it gets to be kind of holy".

"It is easy to ignore the rain if you have a raincoat."

"Because God made you as well as me and He loves you just as He loves me, and for the little we know of God's will, what happened to you could have happened to me."


"The paths of glory lead but to the grave."

"His personal dictionary, a non-alphabetically listed miscellany of words he believed "beautiful" or "useful", or at least, "worth memorizing". (Sample page: thanatoid = deathlike; omnilingual = versed in languages; amerce = punishment, amount fixed by Court; nescient = ignorance; facinorous = atrociously wicked...)"

L'enfer de Matignon - Raphaëlle Bacqué

"Je sais que c'est un grand thème de gémissements de ceux qui ont été premier ministre. N'est-ce pas, à les entendres, la mission la plus difficile au monde? Il faut vraiment une âme d'apôtre, sinon même de martyr pour accepter de jouer un rôle pareil. Moyennant quoi, je n'ai jamais entendu dire que qui que ce soit ait refusé de l'être." Edouard Balladur