vendredi 27 décembre 2013

Bilan 2013

Lectures:
1/ Jude l'Obscur de T. Hardy
2/ The go-between by L.P. Hartley
3/ Le puits de solitude de Radclyffe Hall
4/ Ennemis publics - correspondance entre Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy
5 ex/ La lettre écarlate de N. Hawthorne
5 ex/ Le cas Sneijder de JP Dubois


Rentrée littéraire:
1/ L'invention de nos vies de K. Tuil
2/ Au-revoir là-haut de P. Lemaître
3/ Arden de F. Verger


Le pire du pire:
1/ Viens poupoulpe de C. Zeimert
2/ La correspondante de E. Holder
3/ Palladium de B. Razon

La violence des riches de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Lu à Paris en novembre 2013

" [La bourgeoisie] travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu'elle travaille, qu'elle exploite, qu'elle massacre pour le bien final de l'humanité. Elle doit faire croire qu'elle est juste. Et elle-même doit le croire. M. Michelin doit faire croire qu'il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui." reprise d'une citation de Paul nizan dans Les Chiens de gardes de 1932

"Les hommes d'affaires font leurs affaires, les chômeurs vont pointer. Les capitaux circulent, la peur s'installe."

"La vie est courte, la tâche est immense. La vie ne ménage que de courts moments de gaieté, de joie; à quoi bon se lancer dans un combat perdu d'avance, dont on ne verra pas la fin? se demandent certains. Ce n'est pas lâcheté ni ignorance, mais bon sens: profitons de ce que nous avons, qui est peu, mais que nous pourrions perdre en affrontant les puissants. Nous savons leur yachts, leurs palais, leurs jets, leurs collections et leur luxe: les magazines en sont pleins, la télé les invite. Profitons de ce spectacle euphorisant. Peu importe le comment du pourquoi de ces fortunes insolentes, ce fut toujours ainsi et ce le sera toujours. Le fatalisme peut l'emporter dans des raccourcis de pensée bien à même de protéger de l'angoisse de connaître la réalité de la domination."

"Comment croire que les socialistes, dans leur majorité, pourraient mener une politique plus équitable à l'égard des travailleurs, alors qu'ils sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite: ENA, Science-Po, HEC et bien entendu Harvard? Coupés du peuple avec le cumul des mandats (sur les 297 députés du groupe socialiste de l'Assemblée Nationale, on compte 207 cumulards), nombre d'élus socialistes, dans le souci de faire progresser leur carrière en politique, ont rejoint les intérêts de la classe dominatedont ils sont devenus les alliés objectifs. L'ensemble de la classe politique française pratique très majoritairement le cumul des mandats. Sur 577 députés, on n'en compte que 109 ne siègeant qu'à l'Assemblée Nationale. Et seuls 84 sénateurs sur 348 sont aussi dans ce cas.
Tous d'accord pour que, au nom de la "démocratie" et des "droits de l'homme", la vie politique française soit gérée dans un régime, en réalité censitaire, où les élite sociales qui composent l'essentiel des Chambres font promulguer les lois les plus favorables à leurs intérêts et à ceux qu'ils représentent."

"Ce cynisme et cette violence symbolique ne seraient pas possible si le rapport de forces entre les classes n'avait pas basculé au profit des dominants."

"Toutefois, le but recherché ne peut être explicite: justifier les délocalisations et les agressions contre les droits sociaux par la recherche du profit risquerait de mettre le feu aux poudres. La bourgeoisie est obligée de louvoyer. "Il est impossible à la bourgeoisie d'avouer ses fins véritables et son essence véritable, écrivait Paul Nizan. [...] Elle ne peut pas accepter la publication des buts qu'elle vise et de l'avenir vers lequel elle tend. Elle ne peut pas ne pas être touchée par la rumeur d'accusation qui monte autour d'elle, qui condamne les ressources de sa domination, sa sûreté." Le mot "ouvrier" a disparu du langage officiel, rayant du même coup tout ce qui viendrait rappeler la lutte des classes. Les ouvriers qualifiés sont désormais des "opérateurs de production", les manoeuvres des "techniciens de surface" et les coursiers des "agents de liaison". La bourgeoisie ne pouvant pas dire que la mondialisation de la finance lui permet de prendre le pouvoir à l'échelle de la planète et d'écraser les peuples, elle doit donc rester dans le mensonge, l'imprécision, la contradiction, l'esquive et le louvoiement. Pour faire accepter les décisions les plus controversées, celles qui ont le plus de mal à être acceptées, les responsables des entreprises s'abritent derrière un argument en apparence irréfutable; les catastrophes industrielles et marchandes relèvent d'une inéluctabilité fatales puisqu'elles appartiennent, comme les catastrophes naturelles, tremblement de terre et tsunamis, au seul destin dont décident les forces naturelles du marché, mystérieuses et assez puissantes pour rendre vaine toute volonté humaine de les contrecarrer."

"Les dominants ont intérêt à être perçus comme des êtres d'exception. La bourgeoisie doit persuader, et se persuader elle-même, de son bon droit. [...] En construisant leur image de meneurs d'hommes dont l'autorité est fondée sur des compétences exceptionnelles, que le passage par les grandes écoles atteste, les dirigeants des groupes industriels et financiers se posent en surhommes pouvant exiger des rémunérations exorbitantes par rapport à ce que gagnent les Français. Ces riches ont fait sécession: ils se situent hors du sort commun."

"Ces rémunérations excessives sont également justifiées par le fait que les P-DG, Gérard Mestrallet pour GDF Suez ou Carlos Ghosn pour renault, symbolisent à eux seuls toute leur entreprise. "La fiction qui permet au dirigeant de placer un "je" en lieu et place de dizaine de milliers de salariés, de leur travail, de leur activité et de leurs innovations, sans lesquels l'entreprise n'est rien, est désormais au coeur de l'appropriation des profits sous forme de rémunérations obscènes, dans l'industrie comme la finance." Pour cela, les salariés doivent être sans cesse rappelés à leur statut, avec des salarires qui ne sont que des coûts, des charges toujours trop lourdes pour ces créateurs et ces bienfaiteurs de l'humanité que sont devenus leurs dirigeants."

"Une chocolaterie en Italie a ainsi proposé aux salariés de plus de cinquante ans, employés en contrat à durée indéterminée et pères ou mères de famille, de diminuer leur temps de travail de quarante à trente heures par semaine avec simultanément une baisse de salaire de 25 à 30%, ce qui permettrait de promouvoir la candidature d'un de leurs enfants à un emploi aux mêmes conditions dans la même entreprise. On peut imaginer le désarroi de ces parents pris dans l'étreinte d'une culpabilité liée au fait qu'ils ont honte d'avoir un travail alors que leurs enfants sont au chômage."

"Les grandes fortunes engagées dans le monde de l'art transfigurent ainsi les profits financiers en immortalité symbolique, cette façon qu'ont les puissant de demeurer présents dans les esprits au-delà de leur existence physique. [...] comme l'écrivait Dostoïevski dans l'Idiot, "ce qu'il y a de plus vil et de plus odieux dans l'argent, c'est qu'il confère même des talents", comme celui de collectionner des oeuvres dignes des musées nationaux. L'art est utilisé par les oligarchies, dans leur diversité politique, pour transformer leurs intérêts particuliers en intérêts universels. Les fondations créées par des entreprises sont l'un des outils à leur disposition. Cette alchimie, qui transfigure le vil argent de l'exploitation en mécénat culturel, permet de passer de la domination de classe au pouvoir symbolique. Les inégalités ne peuvent durer qu'en raison de leur acceptation tacite par le plus grand nombre, devant tant de bonté désintéressée. La multitude est ainsi complice, à son insu, de l'accumulation des richesses de toute nature par quelques-uns."

"Derrière ce qui est donné à voir et à penser comme le produit d'inégalités des personnes bien réelles, mais produites par des structures, des apprentissages et des réseaux, se cache un arsenal qui assure les héritages dans tous les domaines et la reproduction des positions sociales dominantes."

"Avec la phase du néolibéralisme, la classe dominante tente par tous les moyens, idéologiques, politiques et médiatiques, de transformer en ennemis les agents sociaux les plus pauvres, les plus destabilisés par la précarisation du travail. Pas en adversaires de classe, dans un combat au grand jour, comme dans la phase paternaliste du capitalisme industriel des 19 et 20eme siècles, mais en surnuméraires, parasites néfastes au fonctionnement de la belle machine capitaliste. Quoi qu'ils fassent, quels que soient leurs porte-parole, les dominés ont tort. Les organisations syndicales et politiques, les militants qui dénoncent les inégalités sont systématiquement taxés de populisme. Il s'agit pour les dominants, de marque leur sécession en stigmatisant le peuple, devenu incompétent au stade du capitalisme mondialisé et censé ne plus pouvoir prétendre à la démocratie et à la souveraineté.
Ce discours permet aux riches dont les revenus et les patrimoines se comptes en millions d'euros, aux politiques qui font tapis rouge aux spéculateurs, de vivre leur forfaiture en toute bonne conscience. Cette "fabrication de l'ennemi" s'inscrit dans la guerre psychologique que doivent mener les puissants pour gagner la guerre des classes. Celle-ci doit apparaître comme légitime et obtenir le label "démocratique" derrière lequel toutes les violences et les illégalités avancent masquées. "La fabrication d'un ennemi peut cimenter la collectivité, peut être une échappatoire pour une autorité en difficulté sur le plan intérieur" écrit Pierre Conesa. C'est ainsi que, au coeur même des classes populaires, la perversion idéologique a érigé l' "immigré" en bouc émissaire auquel est attribué la responsabilité de la baisse du pouvoir d'achat, de la relégation dans l'espace géographique, de la dégradation des services publics, des protections sociales et de l'emploi. "L'ennemi est un choix, pas une donnée."Il s'agit de faire predre à l'ennemi de classe son identité sociale pour qu'il devienne un "fraudeur" ou un "paresseux", voire un "terroriste" ou un "rouge"."

"On lit à longueur d'éditoriaux des dénonciations des dérives du "populisme". Que ne déploie-t-on pas la même énergie à épingler son double, bien plus actif et bien plus installé: le "bourgeoisisme" du Figaro, le "richissisme" des chroniqueurs de la Bourse ou l' "oligarchisme" du Who's Who? Avec le luxe, l'élégance, les journaux people, les exhibitions caritatives et les expositions d’œuvres d'art, les riches se construisent dans une mascarade sociale en bienfaiteurs de l'humanité qu'il convient de flatter alors qu'ils n'ont bien souvent que le mérite de leur naissance. Le néologisme "bourgeoisisme" est adapté à la guerre idéologique qui ne cesse de dénoncer avec le populisme un peuple qui serait flatté par certains politiciens, alors qu'il ne mériterait pas tant d'honneurs. Mais que dire des flagorneries dithyrambiques qui encensent les riches, dont on se garde bien de dévoiler l'origine de la fortune? "



 

L'homme est un grand faisan sur terre de Herta Müller

Lu à Paris en décembre 2013


dimanche 22 décembre 2013

Ciseaux de Stéphane Michaka

Lu à Paris en novembre 2013

"Mariée, déjà? Mariée, deux enfants et critique littéraire. Tout cela en sept ans. Je parie que vous lisez Kerouac, la nuit. Moi aussi, vous savez. Moi aussi je laisse les livres vivre à ma place."

"A cet instant, la mort ne me semblait pas plus révoltante que l'envol d'un oiseau tirant parti  de l'ouverture de sa cage."

Ubik de Philip K. Dick

Lu en décembre 2013 à Paris

Ennemis publics - Correspondance de M. Houellebecq avec BH Lévy

Lu en novembre 2013 à Paris

samedi 30 novembre 2013

Palladium de Boris Razon

Lu à Paris en octobre 2013

** 2% rentrée littéraire 2013 **

"Lorsque me submerge cette envie de revenir en arrière, il me semble vaguement me souvenir que j'étais alors immortel. A cette époque, le temps ne passait pas: quand je fumais encore, j'étais parfois si heureux ou bien mon désespoir si noir que je croyais que tout resterait éternellement ainsi. Quand je tirais voluptueusement sur ma cigarette, le monde était immuable."  Orhan Pamk in D'autres couleurs

"Je ne peux pas m'empêcher d'essayer d'être à la hauteur de cette femme si belle qui m'aime et se dévoue pour moi."

"Tu ne peux pas comprendre ce que l'amour dans une chambre d'hopital. Mais c'est la seule chose qui compte."

"Carolie a décroché.  Je lui ai dit qu'ils allaient l'intuber, que je l'aimais comme un fou, qu'elle était belle, qu'elle me plaisait, que je la désirais comme aucune autre femme. Je lui ai dit que nous ferions des enfants quand je serais remis. Je lui ai dit encore et encore que je l'aimais, elle était en train d'arriver, elle était dans le couloir. Elle arrivait dans la chambre, elle était toujours aussi belle, le téléphone à l'oreille. Elle l'a éteint et m'a rejoint, à côté du lit. Nous chuchotions. Je la regardais, je m'emplissait d'elle, je lui ai demandé de s'occuper de mes manuscrits, notamment de mon conte pour enfants, l"Homme dauphin et la sirène", celui que j'avais écrit pour elle, par elle. Je lui ai dit les mots que je ne peux plus lui dire maintenant. J'essayais de lui dire l'amour et, peut-être, un peu la mort. J'essayais de lui transmettre toute la passion qui habitait encore mon pauvre corps, je voulais la protéger aussi, l'entourer, la garder à mes côtés. Je l'emmenais avec moi. Elle devais partir, c'était l'heure. Je l'ai suivie des yeux, ils ont fermé la porte, ils ont préparé leur matérieul, le charriot d'urgence a été demandé."

vendredi 11 octobre 2013

Le cas Eduard Einstein de Laurent Seksik

Lu à Paris en octobre 2013

** 2% Rentrée littéraire 2013  1 / 5 **

"On peut avoir ce qu'on veut, mais on ne peut pas vouloir ce qu'on veut." Schopenhauer

Sonate pour violon et piano n°3 de Brahms

"Au fond, son chagrin était insurmontable. Il ne s'arroge pas le droit d'être triste. Il ne s'accorde par ce genre de faiblesse. Il ne veut pas diluer le malheur à confesse. Il sait que sa douleur n'est pas féconde. Il a figé en lui l'éternel chagrin. Il arbore toujours ce joyeux masque de pierre, ce sourire immuable, et ces yeux rieurs où l'on croit deviné la marque du bonheur. Il enterre les mauvais souvenirs, change l'amertume et la désolation en frivolité, recouvre ses drames sous son humour grinçant, cette ironie facile dont le monde est si friand, à laquelle il s'adonne avec tant de délice."

Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre

Lu à Paris en octobre 2013

** 1% rentrée littéraire 5 / 5 **

"Elle disposait de trois secondes pour choisir de devenir riche ou de rester bonne à toit faire.
Elle n'en utilisa qu'une seule.
Il y avait, bien sûr, la valise pleine d'argent mais, curieusement, ce qui emporta sa décision, ce furent les billets sur lesquels était marqué CABINE DE PREMIERE CLASSE. Tout ce que cela représentait... "

"Le dénuement est pire encore que la misère parce qu'il y a moyen de rester grand dans la ruine, mais le manque vous conduit à la petitesse, à la mesquinerie, vous devenez bas, pingre; il vous avilit parce que , face à lui, vous ne pouvez pas demeurer intact, garder votre fierté, votre dignité."

"La grossesse de sa fille s'avérait sans charme: Madeleine n'avait pas, comme M. Péricourt le voyait à certaines femmes, cette plénitude de fuit mûr, cet éclat, juste un air de triomphe tranquille et sûr de soi que certaines partagent avec les poules. Madeleine n'était que grosse. Tout avait enflé très vite, l'ensemble du corps jusqu'au visage, et cela fit de la peine à M. Péricourt de la voir ressembler encore davantage à sa mère qui, elle non plus, n'avait jamais été belle, même enceinte. Il doutait que sa fille fût heureuse, il ne la sentait que satisfaite."

"Henri d'Aulney-Pradelle, esprit simple et sans nuances, avait facilement raison parce que sa rusticité décourageait souvent l'intelligence de ses interlocuteurs."

"L'envoyé du ministère produisit un petit bruit de langue contre ses gencives, comme on fait pour retirer un morceau d'aliment, tsitt. On mit pas mal de temps à comprendre qu'il s'agissait, en fait, d'un mouvement de son dentier, une habitude assez agaçante; il le fit pendant tout le trajet en voiture, on avait envie de lui trouver un cure-dents. ses vêtements usagés, ses énormes chaussures sales, toute sa physionomie le laissaient présager, on en eu la confirmation dès le départ de la gare: cet homme-là, en plus, ne sentait pas bon."

jeudi 3 octobre 2013

Nue de Jean-Philippe Toussaint

Lu à Paris en octobre 2013

** 1% Rentrée littéraire 4/5 **

"C'est Pierre Signorelli qui faisait la conversation, mais, comme il ne disait rien non plus, il n'y avait plus de conversation. Le silence devint très vite pesant, une gêne s'établit entre eux. On se souriait avec embarras, on regardait autour de soi. Pierre Signorelli, immobile, le front parsemé de fines gouttelettes de sueur, qui luisaient sur sa peau comme une rosée, transpirait lourdement dans son épais manteau, mais il s'imposait cette souffrance par coquetterie, devant se savoir secrètement en beauté dans cet épais manteau qui avait dû lui coûter un bras."

"Et, quand le serveur revint déposer les deux coupelles de chips et d'olives sur notre guéridon, Marie, qui jusque-là, m'avait paru encore un peu en deça d'elle-même, encore un peu alanguie, un peu émoussée, retrouva toute ses facultés. Marie redevint Marie, et nous sortit le grand jeu. Remerciant le serveur pour les olives, elle le retint par le bras et lui demanda avec beaucoup de grâce et de naïveté charmante, dans un sourire désarmant, complice, irrésistible, qui semblait dire qu'elle était consciente qu'elle exagérait peut-être un peu, mais qu'on ne se refait pas, s'il ne serait pas possible d'en avoir plutôt des noires, des olives noires."

"Il nous dit ça de son air ennuyé, comme à contrecœur, sans nous regarder, sans pouvoir dissimuler toutefois une sombre satisfaction ténébreuse, le plaisir malsain qu'il y a de pouvoir annoncer de mauvaises nouvelles quand les circonstances s'y prêtent -et elles ne s'y prêtaient que trop rarement à son goût manifestement -, de remuer des choses pénibles, de se complaire dans le drame et le ressentiment."

"J'eus le sentiment alors que notre relation était en train de prendre un tour nouveau. Car, de même qu'il arrive parfois qu'une fêlure s'installe dans la vie amoureuse d'un couple, qui avec le temps, ne peut que s'étendre et s'aggraver pour aboutir à une rupture définitive, je sentais que pour nous, c'était plutôt dans le principe même de notre rupture qu'une lézarde était en train de s'installer, qui, avec ce que nous venions de vivre et le fait que Marie était enceinte, ne pourrait que s'accroître, au point que, si elle venait à s'élargir encore, c'est l'idée même de notre séparation qui se trouverait menacée (et que nous finirions, tôt ou tard, par nous remettre à vivre ensemble)."

lundi 30 septembre 2013

Arden de Frédéric Verger

Lu en Septembre à Paris

** 1% rentrée littéraire 2013 (3/5) **

"Quand elle interrogeait les hommes, son visage prenait une expression qui donnait l'impression que leur réponse était nécessaire à sa survie. Quand elle s'adressait aux femmes, qu'elle déciderait de la leur."

"Car si on ne peut nier qu'il y a des égorgeurs chez les Tziganes, on n'en connait pas qui ait égorgé un homme en train de chanter. Voilà donc le Sacha qui se met à chanter toutes les chansons tziganes qui lui montaient aux lèvres."

"Salomon n'était jamais arrivé à démêler si l'oncle Alex était un fanfaron de cruauté ou de bonhomie, tant ces deux aspects jaillissaient tour à tour sous ses yeux, parfois aussi rapidement que les figures au bonneteau. Et, sachant qu'on s'y fait souvent attraper, Salomon n'avait jamais choisi."

"Sa liaison avec l'oncle Alex n'était en effet un secret pour personne, ou plutôt, comme c'est souvent le cas dans ce genre de situation, un secret pour tout le monde que chacun savourait en cachette, comme une pelure du fruit défendu ramassé dans la poussière."

"Majeure depuis peu. Blonde depuis moins encore."

"le sourire cruel des gens qui paraissent toujours se moquer des efforts qu'on fait pour les amuser"

"Sur l'une des photos, on voyait un groupe de jeunes hommes en gilets de velours marron et chemises blanches dont les mâchoires et les regards mimaient l'enthousiasme d'une façon si parfaitement identique qu'il en prenait quelque chose de bovin."

"Tendant la main, il se présenta, avec un sourire qui semblait dire: Eh oui, n'est-il pas amusant qu'Alexandre de Roucoule ne soit pas qu'une légende, et qu'en plus ce soit moi?"

"Puisqu'il était le seul à voir la beauté de ses gestes, la justice voulait que cette femme lui fût offerte."

"Il fit un signe de tête à Prokosh qui glissa jusqu'au micro et se mit à velouter du saxo. Ses efforts de délicatesse faisaient rouler ses yeux, onduler son bassin, fakir et serpent."

"Sur ses lèvres flottait un sourire d'une dame invitée chez des inconnus dont elle ne comprend pas tout à fait les manières."

L'invention de nos vies de Karine Tuil

Lu à Paris en septembre 2013

** 1% rentrée littéraire (2/5) **

lundi 2 septembre 2013

Ormuz de Jean Rolin

Lu entre l'Ile d'Or et Paris en septembre 2013

** 1% Rentrée littéraire 2013 (1/5) **

accore (nom masulin - terme de marine): 1/ Pièce de bois qu’on dresse presque verticalement pour étayer un objet, pour le maintenir en place et 2/ côte escarpée, voire falaise, qui est bordée de fonds marins verticaux et très profond.

cunéiforme (adjectif): qui a la forme d’un coin (une écriture cunéiforme (perse) ou un os cunéiforme...)

"Ainsi privé de vue, l’hôtel Darya semblait s’être laissé dépérir, et il me fallut en visiter toutes les chambres avant d’en découvrir une qui fût à peu près habitable. Et encore. Au sortir de la douche, dont le pommeau m’était resté dans les mains, je constatai qu’il ne s’y trouvait aucune serviette éponge, et j’hésitai quelque temps à utiliser pour m’essuyer le tapis de prière que j’avais vu plié sous la table de nuit, à coté de l’habituel exemplaire du Coran, me demandant si cet usage indu, s’il venait à s’ébruiter, et bien que le tapis fût certainement moins  sacré que le livre lui-même, ne risquait d’entraîner des réactions de colère populaire s’étendant de proche en proche à près de la moitié de la planète. "

lundi 26 août 2013

La lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne

Lu entre Mexico et Paris en aout 2013

"Rien, à part le regard longuement attendu d’une femme, n’est plus doux que ces marques de préférence enfatines spontanément accordées comme par un instinct spirituel. Elles semblent reconnaître en nous quelque chose de vraiment digne d’être aimé."

Blood of Angels by Michael Marshall

Lu entre Cancun, Playa del Carmen et Mexico en aout 2013

Tome 3 de la saga Straw Men. Après trois étés trépidants, c'est fini les Straw Men! (snif)


Viens Poupoulpe de Christian Zeimert

Lu au Mexique (entre Tulum et Cancun) en aout 2013

Le Poulpe le plus mauvais que j'ai jamais lu !

Le cas Sneijder de Jean-Paul Dubois

Lu au Mexique (entre Valladolid et Tulum) en aout 2013

UNE DE MES MEILLEURES LECTURE DE L'ANNEE même si les fiscalistes en prennent (encore) pour leur grade.

La correspondante d'Eric Holder

Lu au Mexique (entre Merida et Valladolid) en aout 2013

Lu à cause de Vincent Delerm et sa chanson Fanny Ardant et moi:
"Elle est posée sur l'étagère
entre un bouquin d'Eric Holder
un chandelier Ikea
et une carte postale de Maria"  

C'est l'histoire d'un homme qui écrit du sous-Modiano, prétend vagabonder comme Rimbaud et étale sa culture et ses conquêtes comme Sollers... Bref, c'est pas jojo.


"Mon Dieu, j'aimerais tant savoir pourquoi des livres sont justes, et d'autres anodins. Et j'ai tellement peur d'être moi-même anodine."

"Elle a cet air absent de qui réfléchit à la discussion récente. En tant que femme, elle aura gardé ses opinions pour elle."

"Mon pourquoi est-ce un tel péché d'aimer." citation de Claude Mauriac

La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette de Stieg Larsson

Millenium - Tome 2

Lu au Mexique (Merida) en Aout 2013

mercredi 24 juillet 2013

El beso de la mujer araña de Manuel Puig (Argentina)

Lu à Paris en espagnol en juillet 2013

grueso/a (adj) = large, épais
una cachete = une joue
el peinado (n masc) = la coiffure
hay de sobra = il en reste, il y en a plein (hay tiempo de sobra)
una reja = une grille
turbio / a (adj) = trouble, louche
regio / a (adj) = royal
un charco (n m) = une flaque d'eau
una maceta (f) = un pot de fleurs
una pisada (n f) = un pas / une trace de pas
una alfombra (n  f) = un tapis
una viga (n f) = une poutre
una almoahada (n f) = un almohadon (n m) un coussin, un oreiller
aplacar (v tr) = calmer, apaiser
agarrar (v tr) = attraper, saisir
agarrar ( v intr) = accrocher (les pâtes dans la casserole), prendre racine (pour une plante)
alcanzar (v tr) = atteindre, saisir, obtenir
alcanzar para algo (v intr) = suffire pour qqch
alcanzar a algo (v intr) = arriver à (faire) qqch
una aldea (n fem) = un petit village
las medias (n f) = les bas (vêtement)
un atril = un pupitre, un chevalet
rozar (v) = frôler, érafler
una fiera (n fem) = un fauve
un buitre (n m) = un vautour 
mimar a alguien = gâter qq1
el chasquido (m) = le claquement, le craquement, la détonation
un sorbo = une gorgée
beber a sorbos = boire à petite gorgées
una puntera (n f) = un bout
despedazar = dépecer, déchirer (figuré)
el corte = la déchirure, l'entaille, la coupe, le découpé (el corte de cara es redondo)
alborotar(se) = faire du tapage, ameuter, troubler, mettre sans dessus dessous
plegadizo/a (adj) = pliable
la nitidez (n f) = la netteté
la felpa = le tissus éponge, la peluche
respingar = rebiquer (la ropa - una nariz respingada)
entrecerrar = entrebailler
el esmalte = l'émail
sombrear algo (vtr) = faire de l'ombre sur qqch
asomarse = se montrer, se pencher
acurrucarse (v) = agazaparse (v) = se blottir, se terrer, se pelotonner
chillar (v) = crier (oiseaux), glapir (animaux), gronder (familier) => un chillido = un cri
amoratar = rendre violassé / amoratarse los dedos = avoir les doigt violet (à cause du froid)
el pedregullo (n m) = le gravier
le sale el tiro por la culata = cela se retourne contre lui, il a fait chou blanc
echado/a (argentin) = paresseux
un tapado (argentin) = un manteau (vêtement)
una macana (argentin) = une blague

mardi 11 juin 2013

The Go-Between by L.P Harley

Lu à Paris en juin 2013 (in English)

battered (adj) = qui a vécu, très usager (cabossé, dépoli, délavé...)
limp (adj) = mou, flasque
to prompt sbdy = souffler (son texte, sa réplique) à qq1
to have the grit to do = avoir le cran de faire
to liken = comparer, rapprocher comme similaire...
a pretence (n) = un simulacre, du chiqué
a pretense (n) = une excuse, un pretexte
wistful (adj)= songeur, pensif, perdu dans ses pensées, mélancolique
a bloomer (n) = une gaffe, une bourde
to be agog to do = être impatient de...
to bear sbdy out = corroborer, confirmer les dires de qq1
measles = la rougeole
a stalk = une tige (d'une plante), des fanes
clad (adj) = révêtu de, paré de, habillé de...
armour-clad ou metal-clad = blindé
to shriek = hurler, crier, pousser un cri perçant
a puddle (n) = une flaque d'eau (différent de poodle = caniche)
bluish (adj) = bleuté
a pulley (n) = une poulie
the meadow (n) = la prairie, le pré
a causeway (n) = une chaussée au-dessus d'une étendue d'eau
marchy (adj) = sledgy (adj) = marécageux
to squelch (v. intr) = patauger dans la boue
a squelch (n) = un bruit de succion, un "splash"
a gallows = à la fois la potence et la pendaison
a gallows humor = de l'humour noir
to trickle = couler goute à goute
to bring up the rear = fermer la marche
to preen, preened, preened = pour un oiseau, lisser ses plumes / pour une personne, se faire beau, se pomponner
to be bestowed upon sbdy = être accordé/donné/attribué à qq1
amity (n) = amitié
a moth (n) = un papillon nocturne ou une mite [to be caught like a moth]
drowsy (adj) = assoupi, somnolent
to irk, irked, irked = irriter, agacer
elation (n) = allégresse, exultation, euphorie
to pitch = lancer la balle au batteur (baseball, cricket)
scaffolding (n)  = échaffaudage
to crumble = s'effriter, s'ébouler, tomber en ruines, s'émietter
the scaffolding of event had crumbled
a pang = un serrement au coeur, une crampe, douleur
a pang of regret = une pointe de regret
a cubit = une coudée
an avowal = un aveu, une confession
the fate of the match had turned on me
a concertina = un accordeon
a dolt (n) = un abruti, un idiot
measly (adj) = petit, minuscule, ridicule, dérisoire
scoundrel (n) = crapule, scélérat, vaurien
to cat (vb) = vomir
a whiff = une odeur
scaly (adj) = avec des écailles
a fluke = un coup de chance
a feat = un exploit
a thatched cottage = une chaumière
a boon = une aubaine
a curtsy = une révérence
asunder (adv) = écarté, éloigné, en morceaux
a mountebank = un charlatan
to impart (vb tr) = transmettre, communiquer
a yokel (n) = un plouc, un rustre
to drone on (vi) = blablater
to upholster sthg = tapisser, recouvrir
seedy (adj) = miteux, sordide, minable
to thaw = dégeler / The thaw = le dégel, la détente
to rove (vi) = errer, vagabonder
sedulously (adv) = assidûment
a flutter = une agitation, un trouble
halting (adj) = hésitant
besotted (adj) = follement amoureux
in token of = en récompense de
a quaver (music) = une croche
slender (adj) = mince, élancé, svelte
to rollick (vi) = follâtrer, gambader, batifoler
bashful (adj) = timide, pudique
to devotail (vi) = s'assembler, concorder
to be intent upon Ving = être soucieux / désireux de...
a lilt (n) = inflexion, rythme, cadence
to dog-ear a page = corner une page
a sheaf = un paquet, une liasse, une gerbe
to scurry off = to scamper off (vi) = filer, détaler, sortir précipitamment
to scurry (vi) = se précipiter
to scamper = galoper (animal), gambader (enfant)
Precoviously sophisticated, he knew that to be boring was the unforgivable sin.
baize (n) = tapis (comme sur un billard)
a baize door = porte tapissée / matelassée
aggrieved (adj) = treated unjustly = mécontent, qui se sent lésé
guile (n) = ruse, duplicité
a drone (n) = un faux-bourdon / un ronronnement de moteur / un fainéant
to turn table on sbdy = échanger les rôles avec qq1, renverser la situation vis-à-vis de qq1
rapt (adj) = captivé, absorbé / ravi
to brood = couver des oeufs / broyer du noir, ruminer
lop-sided (adj) = de guingois
Hard cheese !
ruddy = blooddy = damned = sacré !!
beeline (n/adv) = une ligne droite / tout droit
to make a beeline = aller tout droit
to make a beeline for sthg = foncer droit sur qqch
straggly (adj)= hirsute, désordonné
swarming = foumillant (adj) / fourmillement (n)
to veer (v intr) = virer de bord (pour un bateau), tourner (pour une voiture), dévier (pour une discussion)
skivvies (nom pl) = les sous-vêtements
to construe (v tr) = exprimer, interpréter qqch
a thud = un bruit sourt
with a thudding heart = avec le coeur qui bat lourdement = avec le coeur lourd
prosy (adj) = vulgaire, commun
to snub sbdy (v tr) = rabrouer, repousser, ignorer
lurid (adj) = vif, choquant, criard
a garter = une jarretière, un fixe-chaussette
stern (adj) = strict, austère, sévère
quackery (n) = charlatanisme, bluff, imposture
to deck out (v) = décorer, orner, parer
to aid and abet sby on sthg = être complice de qq1 pour qqch
to abet sthg/sby = encourager, aider, soutenir (dans une action illicite)
puffed up (adj) = gonflé (figuré: d'orgueil)


Les Morues de Titiou Lecoq

Lu en Sardaigne en juin 2013

"C'était ça l'été. Siroter de la vodka à la fenêtre la nuit en écoutant les bruits de la rue - rires isolés, scooter, talons qui résonnent."


Un travelo nommé Désir de N. Simsolo

Lu en Sardaigne en juin 2013


La fascination du pire de Florian Zeller

Lu en Sardaigne en juin 2013

[structure très astucieuse avec un dernier chapitre qui neutralise toute critique possible, et notamment celle de faire de sous-Houellebecq]

"J'avais souvent vu M. Cotté intervenir à la télé au cours de différents débats politiques. Il avait des responsabilités "importantes" au sein de l'UMP. A plusieurs égard, il était l'incarnation parfaite de tout ce qui me dégoutait en politique: l'ignorance, la prétention et l'optimisme soigné. Mais je n'étais pas étonné d'apprendre qu'il était en train d'écrire un livre. Depuis plusieurs années, les hommes politiques écrivent tous leur livre (ou plus exactement le font écrire) pour retrouver un peu du prestige qu'ils perdent quotidiennement en tentant de séduire des abrutis. C'est l'épine la plus pénible d'une démocratie d'opinion: les politiques sont obligés d'aller faire les mariolles à droite ou à gauche, sur un plateau de télé ou sur un autre, pour essayer de démontrer qu'ils sont finalement très sympas et qu'on aurait tort de ne pas voter pour eux. Nous en sommes là. Alors forcément, pour ne pas se déconsidérer complètement, il est préférable de faire croire qu'on l'on s'intéresse encore à autre chose qu'à sa seule carrière; on se fait donc écrire un petit livre, on le signe impunément, et on retourne sans cravate sur les plateaux de télé pour essayer de se vendre une fois de plus - les hommes politiques sont devenus, par la force des choses, de simples prostituées qui n'amusent plus personne et qui bradent pauvrement leurs petites passes."

"Je suis resté un long moment à contempler la ville orientale du septième étage de l'hôtel et, sans raison véritable, je me suis dit que j'étais bien - si l'on appelle "être bien" cet état de relâchement de la conscience qui permet d'oublier ce qu'on a déjà vécu et qu'on ne manquera pas de revivre à nouveau."

"C'était vraiment une bonne nouvelle. Une de ces nouvelles qui vous font oublier, l'espace d'un instant, la certitude calme de l'inimportance de tout - et j'ai bu à ma santé."

"Les nuances, bien souvent, sont une façon de ne pas penser."

"Il rappela brièvement qu'une religion était avant tout un système d'explication du monde et qu'à cet égard, condamner l'une d'entre elles était un acte philosophique qui n'avait par définition par définition, rien à voir avec ceux qui y adhéraient. Parler de racisme dans son cas relevait d'un amalgame pur et simple et ne pouvait être le fait que de crétins en puissance et de croisés simplificateurs dramatiquement cons..."

"Je me suis souvenu de ce que Kundera avait écrit au sujet de [Rushdie]. Cette situation était unique dans l'histoire et renvoyait à une c onfrontation fondamentale entre plusieurs époques: "Par son origine, Rushdie appartient à la société musulmane qui, en grande partie, est encore en train de vivre l'époque d'avant les Temps modernes. Il écrit son livre en Europe, à l'époque des Temps modernes ou, plus exactement, à la fin de cette époque." De la même façon, ceux qui s'appliquent à étouffer de leurs bons sentiments la liberté de création, et qui sont malheureusement de plus en plus entendus, rejoignent par leurs préoccupations l'obscurantisme d'avant le triomphe de la raison. Pour Kundera, le roman est par essence l'oeuvre de l'Europe. Encore une fois, quand il dit "roman européen" il ne parle pas de ce qui a été créé en Europe par des Européens, mais de ce qui fait littérairement partie d'une histoire qui a commencé à l'auve des Temps modernes en Europe. Or il se trouve que cet art européen est par définition incompatible avec tout esprit religieux: car il est profanation par essence. Le roman est ce qui rend insaisissable tout ce qu'il touche et qui renvoie ainsi à l'ambigüité morale de l'homme et à la relativité fondamentale des choses. Ceux qui pensent détenir la vérité et n'admettent pas la contestation sont donc directement menacés par l'art du roman. Aussi ont-ils cruellement intérêt à le détruire. Avec Rushdie, c'est l'art du roman en tant que tel que l'imam voulait abattre."




mercredi 15 mai 2013

Cinq bières, deux rhums de JB Pouy

Lu entre la Bourgogne et Paris en mai 2013.

(toujours aussi drôle)

-T'es trop énervé. Je vais te détendre. Quelle est la différence entre un boucher et Rocco Siffredi?
-Vas-y...
-Y en a pas. Les deux disent: "Y en a un peu plus, mais est-ce que je vous le mets quand même ?"

"des sbires avec la gueule de ceux qui n'ont pas sucé la tour Eiffel pour la rendre pointue"

Le jeu des possibles de François Jacob

Lu en Bourgogne pendant les vacances de mai 2013.

samedi 27 avril 2013

La femme gauchère de Peter Handke

Lu à Paris en avril 2013

"Elle avait trente ans et habitait un lotissement de bungalows bâti en terrasse sur le versant sud d'une montagne moyenne, juste au-dessus de la brume d'une grande ville. Elle avait les cheveux bruns et des yeux gris qui parfois, même quand elle ne regardait personne, rayonnaient sans que l'expression de son visage se modifiât."

"dans ce cadre prospère de propriétaires fonciers où la vie  ne consiste qu'à imiter ce qu'on voit à la télévision"

"Pensez ce que vous voudrez. Plus vous croirez pouvoir parler de moi, plus je serai libre à votre égard. Parfois, il me semble que ce qu'on apprend de neuf sur les gens n'a déjà plus de valeur. A l'avenir, si quelqu'un m'explique comment je suis - et fût-ce pour me flatter ou me rendre plus forte -, je n'admettrai plus une telle insolence."

L'éditeur: "Le téléphone ne sonne donc jamais chez vous?"
La femme: "Ces derniers jours presque plus. En hivers d'ailleurs très rarement. Peut-être de nouveau au printemps."

"Hier, à un moment donné, j'ai pensé que ce serait fort aimable, tout de même, s'il existait un Dieu."

"Et toujours raisonnable, ce que tu es! vous les femmes avec votre minable côté raisonnable! Avec votre brutale compréhension pour tout et chacun! et jamais vous ne vous ennuyez, bonnes à rien que vous êtes. Vous êtes toujours assises quelque part, plein d'enthousiasme, à laisser passer le temps. Sais-tu pourquoi vous ne deviendrez jamais rien? Parce que jamais vous ne vous soûlez toutes seules! Vous vous baguenaudez dans vos appartements bien rangés, comme de prétentieuses photos de vous mêmes. Vous faites les mystérieuses, vous couinez à force d'insignifiance, camarades patentées que vous êtes, vous étouffez les autres avec votre humanité bornée, des machines à mettre en tutelle pour tout ce qui est vivant. Reniflant le sol, vous rampez en tous sens, jusqu'à ce que la mort vous ouvre la bouche toute grande. [..] Toi et ta nouvelle vie! Jamais encore je n'ai vu une femme qui ait durablement modifié sa vie. Rien que des bons de côté - et puis après c'est la vieille rengaine qui recommence. Tu sais quoi? Ce que tu fais maintenant, tu le feuilletteras plus tard en coupures de journal jauni comme seul évènement de ta vie! Et tu te rendras compte que n'as fait que courir derrière la mode: la mode d'hiver de Marianne!"

jeudi 11 avril 2013

La faim de Knut Hamsun

Lu à Paris (et dans le train pour Laroche Migennes) en avril 2013

Prix Nobel de littérature 1920

L'enfant peul de Amadou Hampaté Bâ

Lu à Paris en mars 2013

La jeunesse malienne au début du siècle et l'importance de la tradition orale

Lecture pendant que la France est en guerre au Mali

TRES BONNE LECTURE

Lire aussi du même auteur L'étrange destin de Wangrin

Le faucon maltais de Dashiell Hammet

Lu à Paris en mars 2013

Le premier roman noir du genre hard boiled. Sam Spade serait le premier detective hard boiled...

dimanche 10 mars 2013

Les aventures d'une jeune fille de Jean-Edern Hallier

Lu en mars 2013 à Paris

Ce monsieur doit-il être retenu pour autre chose que ses coups de gueule télévisuels ? Pour l'instant, les premières pages de son premier roman sont ennuyeuses...

Finalement, j'ai jeté le livre au bout de 80 pages. Je n'avais rien compris. Pire qu'un mauvais Duras.

C'est officiellement la première fois de ma vie que je ne termine pas un livre...Ce doit être un signe que je vieillis.

mercredi 6 février 2013

mercredi 30 janvier 2013

Le lac noir de Hella S. Haasse

Lu à Paris en février 2013

"Le bourdonnement à mille voix des insectes et les cris des animaux nocturnes dans la forêt vierge semblaient être un élément de cet impressionnant silence."

La jalousie de Sacha Guitry

Lu à Paris en janvier 2013

"Bien entendu!... Mais ça... quelle est la femme qui ne juge pas qu'elle a tout sacrifié à son mari! Quelque tendresse, quelque fortune qu'il lui ait apportées, elle aurait toujours eu davantageavec un autre homme - et au premier pretexte venu elle lui reprochera le temps qu'elle aura passé avec lui - car elle ne considère jamais que les années de jeunesse d'un homme sont aussi précieuses que les années de jeunesse d'une femme!"

Je t'aime de Sacha Guitry

Lu à Paris en janvier 2013


"Ah! Ce serait vraiment trop facile... Où irait le monde si on pouvait faire son bonheur en dehors des coutumes et des loi..."

"Ceux qui s'aiment et qui seraient agréables à fréquenter... ils se cachent... tandis que ceux qui ne s'aiment pas.... comme ils ne s'amusent nulle part... on les rencontre partout!"

"J'étais persuadé, étant jeune, que le travail était réservé à ceux qui n'avait pas de chance... et je m'imaginais que j'avais une chance!..."

"Le plus grand poète du monde assis à son bureau ne trouvera pas en les cherchant des expressions d'amour aussi heureuse que celles murmurées spontanément par qui que ce soit à l'oreille de n'importe qui! Et si tu veux savoir un peu la vérité, c'est dans les chansons qu'on les trouve plutôt!"

"Ecoute-moi bien... chaque jour de bonheur nous donne pour l'avenir un jour de bonheur... Mettons-en de côté! Ne nous quittons jamais, ne devenons jamais méchants, ne nous mentons jamais.... avec quelques "jamais" de cette espèce-là, on finit par faire le mot "toujours". Je suis spur qu'il y a une très jolie place à prendre, pour deux amants qui ne désirent pas que leur amour soit un sujet de roman... Comme les peuples heureux, il faut que notre amour n'est pas d'histoire... Il faut que les autres n'y comprennent rien! Tiens... il faut que si un jour un auteur dramatique a l'idée saugrenue de faire une pièce sur nous, sur notre amour... il faut que la critique puisse dire: "Ce n'est pas une pièce... il ne se passe rien!"

mercredi 2 janvier 2013

Bilan 2012

Rentrée littéraire:
1/ L'enfant grec de V. Alexakis
2/ Les patriarches d'A. Berest
3/ Le sermon sur la chute de Rome de J. Ferrari

Lectures:
1/ Freedom by J. Franzen
2/ Nouvelles de F.S. Fitzgerald
3/ Courir de J. Echenoz
4/ L'Intranquille de G. Garrouste
5/ Les piliers de la terre de K. Follet

Les plus drôles:
1/ L'Elégance du maigrichon d'E. Fioretto
2/ D'amour et dope fraîche - dans la série "le Poulpe"
3/ Amphitryon 48 de J. Giraudoux

Les grand-mères de Doris Lessing

Lu à Séville en novembre 2012