"J'étais passé de la conviction intellectuelle à la passion militante."
Au sujet de l'affaire Patrick Henry en 1976 - "Le soir, Roger Gicquel, les plus célèbre des présentateurs, ouvrit le journal de 20 heures sur TF1 par une phrase qui allait connaître la célébrité: "La France a peur". "
"Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement" La Rochefoucauld
"L'accusation dans un cour d'assises, est d'autant plus redoutable qu'elle se montre modérée dans le ton, objective dans l'argumentation, sans passion dans les conclusions. "
"De sa plaidoirie, lorsque l'avocat ne l'a pas écrite pour la lire comme sermon en chaire, de sa plaidoirie lorsqu'elle a jailli comme si un autre s'était substitué à lui et l'emportait là où il ne pensait jamais aller, vers un soleil noir, l'avocat ne conserve que des impressions. Elles se figent ensuite en souvenirs. "
Extrait de la plaidoirie de R. Badinter dans l'affaire Patrick Henry: "Si vous votez comme Monsieur l'Avocat général vous le demande, je vous le dis, le temps passera, c'en sera fini du tumulte, des encouragements, vous demeurerez seul avec votre décision. On abolira la peine de mort, et vous resterez seul avec votre verdict, pour toujours. Et vos enfants sauront que vous avez un jour condamné à mort un jeune homme. Et vous verrez leur regard!"
"peut-être les juges se rappelleraient-ils, à l'heure de la décision, que la postérité finit toujours par juger ceux dont les verdicts font l'histoire"
"Le garde des Sceaux avait rappelé que, pour le gouvernement, la question de la peine de mort n'était pas d'actualité. Pierre Bas et Bernard Stasi décidèrent de recourir à un stratagème qui avait été utilisé naguère avec succès contre la censure théâtrale: pour la faire disparaître, on avait supprimé ses crédits budgétaires. Ils demandèrent donc la suppression du traitement du bourreau."
"Il n'y a rien, dans ma vie professionnelle, que j'ai autant aimé qu'un grand procès d'assises. Parce qu'on connaît les rites, les personnages, la matière du drame, mais qu'on ignore l'essentiel: le dénouement. Parce qu'après travers ces procédures minutieusement réglées, l'imprévisible peut à tout moment surgir. Un témoin dont on attend le pire procure une défense, en livrant un détail jusque-là ignoré, une ouverture inespérée. Un autre, au contraire, dont on espérait qu'il saurait émouvoir les jurés, paralysé par le trac, récite d'un ton monocorde une déposition préparée. Les incidents jalonnent le cours des débats, parfois utiles pour dissiper l'impression laissée par un expert, parfois dangereux quand ils dégénère en querelles de mots avec le ministère public. L'audience, c'est la mer pour l'avocat d'assises: toujours imprévisibles, parfois périlleuse. Ne demandez pas au marin pourquoi il aime l'océan. Il l'aime, voilà tout, c'est sa passion, son élément, sa vie. De même, l'avocat aime l'audience pour les bonheurs qu'elle lui dispense, les épreuves qu'elle lui réserve, et même l'angoisse qu'il ressent quand la fortune judiciaire l'abandonne. L'audience criminelle est pour lui comme le champ clos des tournois, le carré éblouissant du ring, le lieu magique de la souffrance, de la gloire et parfois aussi de la défaite. "
"De cette plaidoirie-là pas plus que des autres je n'ai gardé la mémoire exacte. Seulement des souvenir désarticulés, des impressions, des images qui jaillissent. "
"Pour reprendre l'initiative et regagner la confiance des électeurs de sa majorité, le président de la république et le gouvernement avaient, au printemps 1980, choisi le terrain de la lutte contre l'insécurité. Le thème était porteur. La délinquance, surtout la petite délinquance urbaine s'accroissait, notamment chez les jeunes confrontés à un chômage grandissant. Ces questions avaient été analysées en 1976 dans le rapport du Comité d'étude sur la violence que présidait Alain Peyrefitte. Mais la lutte contre les causes sociales de la délinquance est de longue haleine, ses résultats difficiles à mesurer, son coût financier élevé. En revanche, face à une opinion publique excédée par la violence quotidienne, proclamer sa ferme intention de faire respecter l'ordre et la loi est toujours bien accueilli. Le ministre de l'Intérieur, Michel Poniatowski, avait organisé des opérations de police à grand spectacle, dites "coup de poing", dont l'efficacité laissait sceptiques les responsables policiers. Le garde des Sceaux avait fait préparé un projet de loi intitulé "Sécurité et Liberté". Comme il avait du talent et la majorité de droit se voulait "libérale" face à la gauche "socialo-communiste", il s'attachait à répéter dans tous les médias que "la sécurité est la première des libertés". "
"En six semaines, à l'automne 1980, quatre condamnations à mort furent prononcées. (…) Le plus âgé des quatre condamnés n'avait pas vingt-cinq ans. "
"Un autre facteur, encore mal perçu, contribuait à ce durcissement des verdicts. Jusqu'en 1978, les jurés des cours d'assises faisaient l'objet d'une sélection discrète lors de l'établissement des listes de session par les autorités municipales. Il ne s'agissait pas, comme au 19ème siècle, de composer des jurys de notables soucieux de défendre à tout prix l'ordre et la propriété. Mais les jurés comptaient une forte proportion de membres des professions libérales, de fonctionnaires, de cadres. Dans ces milieux, dont le niveau culturel est supérieur à celui de la moyenne population, le nombre de partisans de l'abolition, et plus généralement d'une modération des peines, était plus élevé. Cette sélection des jurés potentiels faisait l'objet de critiques de la part de ceux qui voulaient que la composition des jurys reflétât celle du peuple français au nom duquel ils jugeaient. Aussi, une loi de 1978, voté à l'unanimité, avait décidé que, dorénavant, les jurés seraient désignés par simple tirage au sort sur les listes électorales. Les principes démocratiques s'en trouvaient mieux respectés. Mais la sévérité accrue des verdicts témoignait de ce que le sentiment populaire n'était nullement porté à la mansuétude envers les criminels, fussent-ils d'origine modeste ou socialement défavorisés. Les sondages indiquaient d'ailleurs que c'était dans les milieux populaires que l'attachement à la peine capital demeurait le plus vif. Les verdicts de l'automne 1980 reflétait ce changement dans la composition des jurys et laissait présager d'autres condamnation à mort. "
"Dans ma conscience, dans la foi de ma conscience, je suis contre la peine de mort. Et je n'ai pas besoin de lire les sondages qui disent le contraire: une opinion majoritaire est pour la peine de mort. Et bien moi, je suis candidat à la présidence de la République… Je dis ce que je pense, ce à quoi je crois, ce à quoi se rattachent ma croyance, mes adhésions spirituelles, mon souci de la civilisation. Je ne suis pas favorable à la peine de mort." François Mitterrand.
"Dans une Assemblée, les parlementaires sont chez eux. Comme ministre, vous êtes leur invité. Ils peuvent vous brocarder, vous attaquer, vous lancer mille flèches. Même transformé en Saint Sébastien, ne vous laissez jamais aller à répondre sur le même ton. Votre meilleure arme, c'est l'ironie. On vous pardonnera tout si vous savez faire rire au détriment de votre adversaire. Mais jamais du colère ni de fureur…" propos prêtés à F. Mitterrand
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