dimanche 16 décembre 2012

Amphitryon 48 de Jean Giraudoux

Lu à Paris en décembre 2012

"MERCURE: Jupiter! Ici-bas nous avons, pour nous rendre invisibles aux créanciers, aux jaloux, même aux soucis, cette grande entreprise démocratique, - la seule réussie d'ailleurs, - qui s'appelle la nuit."

"MERCURE: Les hommes, comme les dieux, s'imaginent que les femmes ne les voient jamais de face. Ils s'ornent de moustaches, de poitrines plastronnantes, de pendentifs. Ils ignorent que les femmes feignent d'être éblouies par cette face étincelante, mais épient de toute leur sournoiserie le dos. C'est au dos de leurs amants, quand ceux-ci se lèvent ou se retirent, au dos qui ne sait pas mentir, affaissé, courbé, qu'elles devinent leur veulerie ou leur fatigue. Vous avez un dos plus avantageux qu'une poitrine! Il faut changer cela"

"ALCMENE: Homme peu perspicace, si tu crois que la nuit est un jour masqué, la lune un faux soleil, si tu crois que l'amour d'une épouse peut se déguiser en amour du plaisir."

"MERCURE: Les maris sont très en dehors des lois fatales du monde."

"JUPITER: Pourquoi ne veux-tu pas d'un amant?
ALCMENE: Parce que l'amant est toujours plus prêt de l'amour que de l'aimée. Parce que je ne supporte ma joie que sans limites, mon plaisir sans réticence, mon abandon que sans bornes. Parce que je ne veux pas d'esclave et que je ne veux pas de maître. Parce qu'il est mal élevé de tromper son mari, fût-ce avec lui-même. Parce que j'aime les fenêtres ouvertes et les draps frais.
JUPITER: Pour une femme, tu sais vraiment les raisons de tes goûts. Je te félicite! Ouvre-moi!"


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