vendredi 31 janvier 2014

1Q84 - Tome 2 de Haruki Murakami

Lu à Paris en février 2014 (pendant le déménagement)

"Tchekhov a dit, déclara Tamaru en se levant lentement, que si un revolver apparaissait dans une histoire, il fallait que quelqu'un s'en serve."

"Ce n'est pas seulement que son accoutrement était atroce. Il donnait l'impression de profaner intentionnellement le concept même de toilette."

"Je n'ai pas peur de mourir, vérifiait encore une fois Aomané. Ce qui me fait peur, c'est d'être devancée par la réalité. D'être abandonnée par la réalité. "



mardi 28 janvier 2014

1Q84 - Tome 1 de Haruki Murakami

Lu à Paris en janvier 2014

(suis à bloc et j'enchaîne avec le tome 2)


Lorenzaccio d'Alfred de Musset

Lu en Janvier 2014 à Paris

(très très bon - donne envie:
- d'aller à Florence,
- de lire plus d'ouvrages sur les Medicis; et
- de voir la pièce sur scène)

vendredi 27 décembre 2013

Bilan 2013

Lectures:
1/ Jude l'Obscur de T. Hardy
2/ The go-between by L.P. Hartley
3/ Le puits de solitude de Radclyffe Hall
4/ Ennemis publics - correspondance entre Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy
5 ex/ La lettre écarlate de N. Hawthorne
5 ex/ Le cas Sneijder de JP Dubois


Rentrée littéraire:
1/ L'invention de nos vies de K. Tuil
2/ Au-revoir là-haut de P. Lemaître
3/ Arden de F. Verger


Le pire du pire:
1/ Viens poupoulpe de C. Zeimert
2/ La correspondante de E. Holder
3/ Palladium de B. Razon

La violence des riches de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Lu à Paris en novembre 2013

" [La bourgeoisie] travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu'elle travaille, qu'elle exploite, qu'elle massacre pour le bien final de l'humanité. Elle doit faire croire qu'elle est juste. Et elle-même doit le croire. M. Michelin doit faire croire qu'il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui." reprise d'une citation de Paul nizan dans Les Chiens de gardes de 1932

"Les hommes d'affaires font leurs affaires, les chômeurs vont pointer. Les capitaux circulent, la peur s'installe."

"La vie est courte, la tâche est immense. La vie ne ménage que de courts moments de gaieté, de joie; à quoi bon se lancer dans un combat perdu d'avance, dont on ne verra pas la fin? se demandent certains. Ce n'est pas lâcheté ni ignorance, mais bon sens: profitons de ce que nous avons, qui est peu, mais que nous pourrions perdre en affrontant les puissants. Nous savons leur yachts, leurs palais, leurs jets, leurs collections et leur luxe: les magazines en sont pleins, la télé les invite. Profitons de ce spectacle euphorisant. Peu importe le comment du pourquoi de ces fortunes insolentes, ce fut toujours ainsi et ce le sera toujours. Le fatalisme peut l'emporter dans des raccourcis de pensée bien à même de protéger de l'angoisse de connaître la réalité de la domination."

"Comment croire que les socialistes, dans leur majorité, pourraient mener une politique plus équitable à l'égard des travailleurs, alors qu'ils sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite: ENA, Science-Po, HEC et bien entendu Harvard? Coupés du peuple avec le cumul des mandats (sur les 297 députés du groupe socialiste de l'Assemblée Nationale, on compte 207 cumulards), nombre d'élus socialistes, dans le souci de faire progresser leur carrière en politique, ont rejoint les intérêts de la classe dominatedont ils sont devenus les alliés objectifs. L'ensemble de la classe politique française pratique très majoritairement le cumul des mandats. Sur 577 députés, on n'en compte que 109 ne siègeant qu'à l'Assemblée Nationale. Et seuls 84 sénateurs sur 348 sont aussi dans ce cas.
Tous d'accord pour que, au nom de la "démocratie" et des "droits de l'homme", la vie politique française soit gérée dans un régime, en réalité censitaire, où les élite sociales qui composent l'essentiel des Chambres font promulguer les lois les plus favorables à leurs intérêts et à ceux qu'ils représentent."

"Ce cynisme et cette violence symbolique ne seraient pas possible si le rapport de forces entre les classes n'avait pas basculé au profit des dominants."

"Toutefois, le but recherché ne peut être explicite: justifier les délocalisations et les agressions contre les droits sociaux par la recherche du profit risquerait de mettre le feu aux poudres. La bourgeoisie est obligée de louvoyer. "Il est impossible à la bourgeoisie d'avouer ses fins véritables et son essence véritable, écrivait Paul Nizan. [...] Elle ne peut pas accepter la publication des buts qu'elle vise et de l'avenir vers lequel elle tend. Elle ne peut pas ne pas être touchée par la rumeur d'accusation qui monte autour d'elle, qui condamne les ressources de sa domination, sa sûreté." Le mot "ouvrier" a disparu du langage officiel, rayant du même coup tout ce qui viendrait rappeler la lutte des classes. Les ouvriers qualifiés sont désormais des "opérateurs de production", les manoeuvres des "techniciens de surface" et les coursiers des "agents de liaison". La bourgeoisie ne pouvant pas dire que la mondialisation de la finance lui permet de prendre le pouvoir à l'échelle de la planète et d'écraser les peuples, elle doit donc rester dans le mensonge, l'imprécision, la contradiction, l'esquive et le louvoiement. Pour faire accepter les décisions les plus controversées, celles qui ont le plus de mal à être acceptées, les responsables des entreprises s'abritent derrière un argument en apparence irréfutable; les catastrophes industrielles et marchandes relèvent d'une inéluctabilité fatales puisqu'elles appartiennent, comme les catastrophes naturelles, tremblement de terre et tsunamis, au seul destin dont décident les forces naturelles du marché, mystérieuses et assez puissantes pour rendre vaine toute volonté humaine de les contrecarrer."

"Les dominants ont intérêt à être perçus comme des êtres d'exception. La bourgeoisie doit persuader, et se persuader elle-même, de son bon droit. [...] En construisant leur image de meneurs d'hommes dont l'autorité est fondée sur des compétences exceptionnelles, que le passage par les grandes écoles atteste, les dirigeants des groupes industriels et financiers se posent en surhommes pouvant exiger des rémunérations exorbitantes par rapport à ce que gagnent les Français. Ces riches ont fait sécession: ils se situent hors du sort commun."

"Ces rémunérations excessives sont également justifiées par le fait que les P-DG, Gérard Mestrallet pour GDF Suez ou Carlos Ghosn pour renault, symbolisent à eux seuls toute leur entreprise. "La fiction qui permet au dirigeant de placer un "je" en lieu et place de dizaine de milliers de salariés, de leur travail, de leur activité et de leurs innovations, sans lesquels l'entreprise n'est rien, est désormais au coeur de l'appropriation des profits sous forme de rémunérations obscènes, dans l'industrie comme la finance." Pour cela, les salariés doivent être sans cesse rappelés à leur statut, avec des salarires qui ne sont que des coûts, des charges toujours trop lourdes pour ces créateurs et ces bienfaiteurs de l'humanité que sont devenus leurs dirigeants."

"Une chocolaterie en Italie a ainsi proposé aux salariés de plus de cinquante ans, employés en contrat à durée indéterminée et pères ou mères de famille, de diminuer leur temps de travail de quarante à trente heures par semaine avec simultanément une baisse de salaire de 25 à 30%, ce qui permettrait de promouvoir la candidature d'un de leurs enfants à un emploi aux mêmes conditions dans la même entreprise. On peut imaginer le désarroi de ces parents pris dans l'étreinte d'une culpabilité liée au fait qu'ils ont honte d'avoir un travail alors que leurs enfants sont au chômage."

"Les grandes fortunes engagées dans le monde de l'art transfigurent ainsi les profits financiers en immortalité symbolique, cette façon qu'ont les puissant de demeurer présents dans les esprits au-delà de leur existence physique. [...] comme l'écrivait Dostoïevski dans l'Idiot, "ce qu'il y a de plus vil et de plus odieux dans l'argent, c'est qu'il confère même des talents", comme celui de collectionner des oeuvres dignes des musées nationaux. L'art est utilisé par les oligarchies, dans leur diversité politique, pour transformer leurs intérêts particuliers en intérêts universels. Les fondations créées par des entreprises sont l'un des outils à leur disposition. Cette alchimie, qui transfigure le vil argent de l'exploitation en mécénat culturel, permet de passer de la domination de classe au pouvoir symbolique. Les inégalités ne peuvent durer qu'en raison de leur acceptation tacite par le plus grand nombre, devant tant de bonté désintéressée. La multitude est ainsi complice, à son insu, de l'accumulation des richesses de toute nature par quelques-uns."

"Derrière ce qui est donné à voir et à penser comme le produit d'inégalités des personnes bien réelles, mais produites par des structures, des apprentissages et des réseaux, se cache un arsenal qui assure les héritages dans tous les domaines et la reproduction des positions sociales dominantes."

"Avec la phase du néolibéralisme, la classe dominante tente par tous les moyens, idéologiques, politiques et médiatiques, de transformer en ennemis les agents sociaux les plus pauvres, les plus destabilisés par la précarisation du travail. Pas en adversaires de classe, dans un combat au grand jour, comme dans la phase paternaliste du capitalisme industriel des 19 et 20eme siècles, mais en surnuméraires, parasites néfastes au fonctionnement de la belle machine capitaliste. Quoi qu'ils fassent, quels que soient leurs porte-parole, les dominés ont tort. Les organisations syndicales et politiques, les militants qui dénoncent les inégalités sont systématiquement taxés de populisme. Il s'agit pour les dominants, de marque leur sécession en stigmatisant le peuple, devenu incompétent au stade du capitalisme mondialisé et censé ne plus pouvoir prétendre à la démocratie et à la souveraineté.
Ce discours permet aux riches dont les revenus et les patrimoines se comptes en millions d'euros, aux politiques qui font tapis rouge aux spéculateurs, de vivre leur forfaiture en toute bonne conscience. Cette "fabrication de l'ennemi" s'inscrit dans la guerre psychologique que doivent mener les puissants pour gagner la guerre des classes. Celle-ci doit apparaître comme légitime et obtenir le label "démocratique" derrière lequel toutes les violences et les illégalités avancent masquées. "La fabrication d'un ennemi peut cimenter la collectivité, peut être une échappatoire pour une autorité en difficulté sur le plan intérieur" écrit Pierre Conesa. C'est ainsi que, au coeur même des classes populaires, la perversion idéologique a érigé l' "immigré" en bouc émissaire auquel est attribué la responsabilité de la baisse du pouvoir d'achat, de la relégation dans l'espace géographique, de la dégradation des services publics, des protections sociales et de l'emploi. "L'ennemi est un choix, pas une donnée."Il s'agit de faire predre à l'ennemi de classe son identité sociale pour qu'il devienne un "fraudeur" ou un "paresseux", voire un "terroriste" ou un "rouge"."

"On lit à longueur d'éditoriaux des dénonciations des dérives du "populisme". Que ne déploie-t-on pas la même énergie à épingler son double, bien plus actif et bien plus installé: le "bourgeoisisme" du Figaro, le "richissisme" des chroniqueurs de la Bourse ou l' "oligarchisme" du Who's Who? Avec le luxe, l'élégance, les journaux people, les exhibitions caritatives et les expositions d’œuvres d'art, les riches se construisent dans une mascarade sociale en bienfaiteurs de l'humanité qu'il convient de flatter alors qu'ils n'ont bien souvent que le mérite de leur naissance. Le néologisme "bourgeoisisme" est adapté à la guerre idéologique qui ne cesse de dénoncer avec le populisme un peuple qui serait flatté par certains politiciens, alors qu'il ne mériterait pas tant d'honneurs. Mais que dire des flagorneries dithyrambiques qui encensent les riches, dont on se garde bien de dévoiler l'origine de la fortune? "



 

L'homme est un grand faisan sur terre de Herta Müller

Lu à Paris en décembre 2013


dimanche 22 décembre 2013

Ciseaux de Stéphane Michaka

Lu à Paris en novembre 2013

"Mariée, déjà? Mariée, deux enfants et critique littéraire. Tout cela en sept ans. Je parie que vous lisez Kerouac, la nuit. Moi aussi, vous savez. Moi aussi je laisse les livres vivre à ma place."

"A cet instant, la mort ne me semblait pas plus révoltante que l'envol d'un oiseau tirant parti  de l'ouverture de sa cage."