vendredi 4 novembre 2011

Le ravissement de Britney Spears de Jean Rolin

Lu à Paris en septembre 2011

** 1% rentrée littéraire 1/7 **

"En repassant devant le strip tease, je me rappelai que cela faisait longtemps que je n'avais pas eu d'activité sexuelle et je me promis d'y remédier prochainement."

"Il arrive cependant que Lindsay, qui n'est tout de même agée que de vingt-quatre ans, s'efforce de renouer avec cette image de jeune femme douce, et dénuée de pose, dont se souviennent ceux qui l'ont connue autrefois. Par exemple en militant - ponctuellement - contre l'exploitation des enfants dans des usines indiennes. Ou, plus humblement, en conviant des paparazzis à la filmer dans l'exercice d'activités innocentes et banales (bien qu'éventuellement rémunérées), telles que la préparation de milk-shakes: tant il est vrai que la crème glacée est décidément l'une des espèces sous lesquelles les stars communient le plus volontiers avec leur public. La mise en ligne de la vidéo montrant Lindsay, de concert avec sa petite soeur Ali, l'une et l'autre vétûes de longs tabliers noirs, et les mains gantées de matière plastique translucide, en train de préparer des milk-shakes (...) La scène, filmée par des dizaines de paparazzis -il s'agit clairement d'un set-up -, se déroule dans la boutique Millions of Milkshakes située sur Santa Monica presque en face du Santa Palm Car Wash (...).La boutique fait partie d'une chaîne appartenant à un jeune entrepreneur britannique d'origine pakistanaise, Sheeraz Hasan, qui, parmi d'autres grands desseins, prétend vouloir réconcilier l'islam et l'Amérique, par des voies - le commerce de milk-shakes étant l'une des moindres - dont il est douteux qu'elles recueillent l'adhésion de eaucoup de fidèles du premier. Quant aux efforts que déploient Lindsay pour paraître normale, et gentille - une grande soeur attentive consommant des produits lactés- il en faudrait beaucoup plus pour désarmer la malveillance de la presse spécialisée. Le jour même où cette vidéo est mise en ligne, tel ou tel site se fait écho d'une rumeur selon laquelle, à l'âge de dix-sept ans, elle se serait envoyée en l'air avec un certain Tommy Motola, ce qui -ne me demandez pas pourquoi- serait de nature à nuire gravement à sa réputation. (...) La plupart du temps, ces informations sont présentées au conditionnel, voire aussitôt démenties, mais le rythme auquel elles se succèdent n'en réussit pas moins à donner de Lindsay l'image d'une épave - train wreck- vindicative et rabrouée, titubant sous l'emprise de toxiques divers, dont la chute imminente est guettée jour après jour avec des transports de volupté."

"Comme il est de règle mon amour naissant pour Wendy, imprimait une certaine souplesse, voire une certaine laxité, à mes jugements moraux habituellement plus abrupts."

"Mais un autre jeu, proposé par Hollywoodgossip, abonde également dans le sens de Serge: à la question "Où aimeriez-vous voir Lindsay Lohan?" seul 8% des 2312 votants (le lundi 24 mai 2010 à 17 heures) avaient répondu "dans mes bras", parmi les quatre réponses possibles, contre 16% qui souhaitaient l'envoyer dans un "trou à crack" (local crack den), 24% en cure de désintoxication et 50% en prison. (De ce qui précède, il ressort également que 2% des votants s'étaient refusés à choisir entre les quatre options proposées.) De mon coté, j'ai répondu (électroniquement) "dans mes bras", et je dois porter au crédit de Hollywoodgossip que mon vote a été immédiatement pris en compte."

"La discussion entre Shotemur et les garde-frontières s'envenime parfois, mais les Tadjiks sont assez enclis à vociférer, pour le plus léger désaccord, sans que ces éclats de voix tirent à conséquence ou témoignent nécessairement de position inconciliables."

"On peut penser tout le mal qu'on veut des Etats-Unis: mais il semble que nulle part ailleurs, dans le monde, on ne rencontrera dans un bar autant de gens différent - des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des beaux et des moches, des gringalets et des colosses, des Noirs et des Blancs, des anglophones et des hispanophones, des militaires et des civils - communiant dans un tel climat d'innocence, si difficile que puisse être la définition de cette qualité, ou de cet état d'esprit. Ce soir-là, j'avais été frappé, notamment, par l'extraordinaire indulgence, et le feint enthousiasme, avec lesquels le public avait accueilli une pâle imitation de Janis Joplin, en karaoké, à laquelle s'était livrée une jeune femme obèse édentée."

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