mardi 29 novembre 2011

Eléctrico W - Hervé Le Tellier

Lu à Paris - Novembre 2011

1% de la rentrée littéraire (7/7)

(trop bien ! Je veux TOUT lire de cet auteur.)

"C'était les années soixante-dix, la fin calamiteuse de l'Estado novo, des années de la dictature de Salazar, un Portugal rural aujourd'hui oublié, salazariste, catholique et analphabète. La télévision interviewait avec un immense respect soeur Marie des douleurs qui soufflait ses soixante bougies au carmel, parce qu'elle avait été Lucia Dos Santos, l'une des trois enfants voyants de Fatima à qui par six fois, en 1917, la Sainte Vierge était apparue. Oui, c'était le temps des trois F, Fatima, fado, football. "

Lire les Contos Aquosos de Jaime Montestrela:
"Sur l'île de Tahiroha, le jour du Vendredi Saint, les cannibales convertis au christianisme ne mangent que des marins."

"J'allais livrer un dernier combat avec cette habileté rageuse des perdants, de ceux qui sont tant allés de défaite en défaite qu'il leur est même devenu indifférent de gagner. La philosophie désespérée des laids, des vieux, des pauvres."

"Mon nom aussi est juif, c'est Oliveira. Et mon deuxième prénom c'est Judite. Mais je suis baptisée. C'est compliqué les dieux."

"J'ai trente ans. Et toi? Tais-toi, ne réponds pas, surtout, imbécile... Dire son âge, ça fait vieillir."

"Je n'aime pas les garçons myopes. Ils donnent l'impression qu'on doit les protéger, et le matin, quand ils se réveillent , on est toujours moins importante que leurs lunettes."

"N'en dis pas plus. Si tu parles trop, ce ne sera jamais assez."

Et signe. Lisiblement. Sans impatience. Comme à regret.

"Les trop belles femmes ne m'attirent pas, à cause de ce refus de séduire qu'elles affichent, de cette hostilité froide qui suinte d'elles, qui leur évite d'être trop souvent importunées."

"Jamais je n'aurais osé jalousé Antonio pour la tendresse qu'elle lui portait, car elle détenait le secret de l'infinie pudeur, elle savait se montrer désirable à lui seul."

"Ce devait être du Mozart. Le premier concert d'un enfant, c'est toujours du Mozart. J'ai dû avoir droit à l'inévitable: "A ton âge, le petit Wolfgang avait composé sa première symphonie" qui peut convaincre les plus endurcis que leur vie est déjà perdue."

"Rien ne me pousse à écrire, aucune marée de phrase ne me chahute. Il y a tant de vanité là-dedans que je n'écris que pour me croire digne de mon propre respect."

"Vieira avait beaucoup de goût. Mauvais, mais beaucoup, comme disait je ne sais plus qui."

"Je n'ai rien caché, rien embelli, pas noirci non plus, ni cherché à noyer dans un humour malvenu les épisodes les moins glorieux. (...) La sincérité de mes confidences m'a apaisé."

"Le peuple de l'archipel d'Adjiji est persuadé que Dieu, qu'ils appellent Niaka, est très méchant et que le Diable, qu'ils nomment Puku, est bon. Ils suivent les règles morales édictées par les prophètes de Puku, qui les exhortent à renoncer à Niaka. Cela ne change finalement pas grand chose."

"J'ai eu envie de rappeler Paul, de lui dire ce que pouvait être une famille, ou simplement deux frère. Lui dire l'affection que j'avais pour lui, lui mon petit frère longtemps trop petit pour moi, que j'avais si peu et si mal rencontré, lui dire aussi la peine que j'aurais à perdre avec lui le peu qui me restait de mon enfance. Je ne l'ai pas fait. J'ai pensé lui écrire. Je ne l'ai pas fait non plus."

"Je n'étais pas loin de penser comme Gertrude Stein: If it can be done, why do it? "

"Je vais vous enseigner une vérité qui vous servira peut-être: avoir de la chance avec les femmes, ça n'existe pas. Ce qui existe, c'est deviner qu'une femme vous laisse une chance, et la saisir."

"Il pleure sur ce qui aurait pu être. Elle pleure aussi, mais sur ce qui justement n'aurait pas pu être. Ce ne sont pas les mêmes larmes."

"Je n'ai pas eu de chance avec les femmes, ou pas su la saisir. Disons que je plaisais trop peu à celles qui me plaisaient, et que celles que j'aurais pu séduire étaient trop disposées à l'être pas n'importe qui. Pourtant, j'aurais aimé avoir un enfant. Des enfants."

"Tous les mauvais romans se ressemblent, mais chaque bon roman l'est à sa façon."





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