lundi 14 novembre 2011

Un roman français - Frédéric Begbeder

Préface par M. Houellebecq:

"J'ai moins aimé ce qui concerne les nuits passées en garde à vue pour consommation de cocaïne sur la voie publique. C'est curieux, j'aurais dû sympathiser, ayant moi-même passé une nuit en prison pour une infraction à peu près aussi conne (avoir fumé une cigarette dans un avion) - et, je confirme, les conditions de détention, ce n'est pas tout à fait ça. Mais l'auteur et son ami le poète sont un peu revendicatifs, grandes gueules."

"Dans cet épisode délinquant, quelque chose ne va pas. L'enfant ne se reconnaît pas dans l'adulte qu'il est devenu. Et, là aussi c'est probablement la vérité: l'enfant n'est pas le père de l'homme. Il y a l'enfant, il y a l'homme et entre les deux, il n'existe aucun rapport. C'est une conclusion inconfortable, embarrassante: on aimerait qu'au centre de la personnalité il y ait une certaine unité; c'est une idée dont on peine à se détacher; on aimerait pouvoir faire le lien."

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"Mon enfance n'est ni un paradis perdu, ni un traumatisme ancestral. Je l'imagnie plutôt comme une lente période d'obéissance. On a tendance à idéaliser ses débuts mais un enfant est d'abord un paquet que l'on nourit, transporte et couche. En échange du logement et de la nourriture, le paquet se conforme à peu près au réglement intérieur."

"Je ne parlerai pas de moi, pour ne pas me condamner à parler de vous" Mauriac s'adressant à sa famille.

"La famille est une succession de corvée, une meute de personnes qui vous ont connu bien trop tôt, avant que vous ne soyez terminé - et les anciens sont toujours les mieux placés pour savoir que vous ne l'êtes toujours pas.(...) Une vie de famille est une succession de repas dépressifs où chacun répète les mêmes anecdotes humiliantes et automatismes hypocrites, où l'on prend pour un lien ce qui n'est que loterie de la naissance et rites de la vie en commnauté. Une famille, c'est un groupe de gens qui n'arrive pas à communiquer mais s'interrompent très bruyamment, s'exaspèrent mutuellement, comparent les diplômes de leurs enfants comme la décoration de leur maison, et se déchirent l'héritage des parents dont le corps est encore tiède. Je ne comprends pas les gens qui considèrent la famille comme un refuge alors qu'elle ravive les plus profondes paniques. Pour moi, la vie commençait quand on quittait sa famille. Alors seulement, l'on se décidait à naître. Je voyais la vie divisée en deux partie: la première était un esclavage, et l'on employait la seconde à essayer d'oublier la première. S'intéresser à son enfance était un truc de gâteux ou de lâche."

"Avez-vous remarqué que tous les contes de fées se terminent le jour du mariage? Moi aussi je me suis marié à deux reprises, et j'ai éprouvé la même crainte, à chaque fois, pile au moment de dire "oui", cette intuition désagréable que le meilleur était derrière nous."

"On se drogue parce que la vie est assomante, que les gens sont fatigants, qu'il n'y a plus tellement d'idées majeures à défendre, qu'on manque d'entrain." Françoise Sagan

"On peut oublier son passé. Cela ne signifie pas que l'on va s'en remettre."

"Il est possible que j'aie cru être amnésique alors que j'étais juste un parresseux sans imagination. Nabokov et Borges disent, à peu de chose près la même chose: l'imagination est une forme de la mémoire."

"Si j'ai perdu la mémoire à l'âge adulte, c'est peut-être que déjà, très jeune, je n'avais plus confiance en la réalité."

"Depuis je n'ai cessé d'utiliser la lecture comme un moyen de faire disparaître le temps, et l'écriture comme un moyen de la retenir."

"En fuyant ma famille, je ne me rendais pas compte que j'abdiquais face à une aliénation bien pire: la soumission à l'individualisme amnésique. Privé de nos liens familiaux, nous sommes des numéros interchangeables comme les "amis" de Facebook, les demandeurs d'emploi de l'ANPE ou les prisonniers du Dépôt."

"Quand je prias pour les Ethiopiens à la messe de l'école Bossuet, c'était surtout pour ne pas leur ressembler."

"C'est pour cela que j'aime l'autobiographie: il me semble qu'il y a là, enfoie en nous, une aventure qui ne demande qu'à être découverte, et que si l'on arrive à l'extraire de soi, c'est l'histoire le plus étonnante jamais racontée. "Un jour mon père à rencontré ma mère, et puis je suis né, et j'ai vécu ma vie." Waow, c'est un truc de maboul quand on y pense. Le reste du monde n'en a probablement rien à foutre, mais n'est notre conte de fées à nous. Certes, ma vie n'est pas plus intéressante que la vôtre, mais elle ne l'est pas moins. c'est juste une vie, et c'est la seule dont je dispose. Si ce livre a une chance sur un milliard de rendre éternels ma mère, mon père et mon frère, alors il méritait d'être écrit. c'est comme si je planter dans ce bloc de papier une pancarte indiquant: ICI PLUS PERSONNE NE ME QUITTE. Aucun habitant de ce livre ne mourra jamais."


A LIRE:
Les chroniques martiennes et Fahrenheit de Ray Bradbury
Le voyageur imprudent de Barjavel
La sage des Robots d'Asimov
La saga des "Non-A" d'A.E. Van Vogt
Baise-ball à La Baule - San Antonio

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