lundi 12 décembre 2011

La chambre des officiers - Marc Dugain

Lu à Paris en Décembre 2011

A la question: "Qui est Dieu?" on devait répondre: "Dieu est un petit bonhomme sans queue."

"L'homme de la terre sait qu'il n'est que le maillon d'un ensemble régi par des lois simples et que, pour le reste, c'est se martyriser que de vouloir en savoir plus. Les gens des villes sont le centre d'un monde qu'ils ont fait eux-mêmes. Ils en crèvent, rongés de l'intérieur par le doute."

"Le commandant est un type immense, bedonnant. Une bonne tête, mais l'amabilité un peu politique, qui vous aime bien tant que vous faites son boulot, que vous ne le mettez pas en porte-à-faux avec ses supérieurs et qui vous laissera tomber avec le même sourire affable quand les ennuis commenceront."

"Je compris qu'il existait une foi qui ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu envisager jusqu'ici. Penanster ne cherchait aucune protection divine, sa relation avec le Créateur n'avait rien de celle du maître et de l'élève. Il distinguait les croyants, dont il s'honorait de faire partie, des superstitieux. "Les premiers donnent, disait-il. Les seconds donnent pour recevoir." Il pensait que l'homme, dans sa quête de certitudes, courait à sa perte, que Dieu lui avait attribué un degré de conscience qui lui permettait de comprendre les grandes questions, mais que jamais le Créateur ne lui avait assigné la tâche d'y répondre, tâche qu'il s'était réservée. C'est ce qu'il appelait le grand malentendu. Avec Penaster la religion prenait un sens bien différent de celui donné par les caricatures des enseignements et les comportements des dévots qui avaient croisé mon enfance et dont la foi n'était rien d'autre qu'une volonté de domination par la morale. "

"-Il n'y a rien de plus impitoyable que le regard d'une prostituée n'est-ce pas ?
Weil répondit que tant que nous n'avions pas de belle-mère, il était difficile de se prononcer."

"Ma mère était à la fois horripilante et réconfortante, car elle était incapable de donner aux évènements la moindre intensité dramatique. L'intelligence limitée de ma mère avait survécu à l'ombre de la personnalité de mon père. Celui-ci disparu, elle avait retrouvé sa vraie nature: celle d'un écureuil qui s'affaire dans la crainte de l'hiver."

"Cette chaleur m'apporta un réconfort dont je commençais seulement à m'avouer la nécessité. Je craignais que ma mère ne vienne gâter cette merveilleuse soirée par une de ses phrases stupides dont elle avait le secret, mais il n'en fut rien. "

"Penanster nous écrivait souvent. On sentait chez lui une jubilation de l'écriture, à laquelle il accordait un grand rôle dans la manifestation de l'amitié. "

"-Je voudrais que nous restions amis.
-C'est un os qu'on donne au chien."

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